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03/04/2013

Une situation propice aux déclamations de tribuns. Méfiance.

 

 

Ces gens méritent la double peine. Au mensonge sur leurs malversations, s’ajoute leur prétention à être des chevaliers blancs. Ils étaient même allés jusqu’à dire qu’ils n’aimaient pas les riches. Voilà nos donneurs de conseils pris la main dans le sac, en flagrant délit de mensonge. Socialistes ? Tout ce qu’ils méritent c’est un énorme éclat de rire. 

 Mais nous ne rirons pas longtemps. Socialisme ou pas, gauche ou droite, la crise touche tous les autres, ceux qui ne parlent pas dans le poste. Les chômeurs sont là. Et les travailleurs qui en fin de mois, n’ont pas d’argent en Suisse, pas plus qu’ils n’en ont en France. 

 La deuxième peine serait qu’une fois pour toutes le peuple « de gauche » comme ils disent, ne leur accorde plus sa confiance. Mais ça, je n’y crois pas. Ou alors il faudrait qu’on tire les leçons de l’histoire, et c’est au-dessus de nos forces. Quand ils se présenteront à nouveau devant nous, et qu’ils promettront justice, égalité et solidarité, tous comme un seul homme, j’entends les gens de bien, ceux qui veulent que les choses changent, qui espèrent, qui pensent à leurs enfants, qui voient la société future comme un havre de bien-être et de paix, ceux-là comme un seul homme accorderont encore leur confiance à des gens qui du socialisme ont tout oublié, même le discours. 

 Non, ne me parlez pas des conquêtes ouvrières ni des avancées sociales. Ce n’est pas à eux, ce n’est pas à la gauche qu’on les doit, mais à ceux qui les voulaient ces conquêtes et ces droits, qui se sont privés de journées de salaire, sont descendus dans les rues. Ils ont pris la main de ceux qui parlaient si bien en leur nom, et les ont fait signer. Il est arrivé aussi qu’ils les empêchent de signer la mise en cause de ce qui avait été gagné de haute lutte. 

 Aujourd’hui, personne n’est à même de piloter le navire. On y est tous un peu pour quelque chose, on s’est assoupi trop longtemps et la nuit n’est pas bonne conseillère. Le réveil, ce n’est pas de tendre l’oreille à ceux qui nous préparent des lendemains qui ressembleraient à ce que nos parents ont vécu hier. La situation est propice aux déclamations de tribuns habillés de rouge ou de brun. Méfiance. Il y a aussi les autres, ceux du troisième type qui grignotent chaque jour un petit morceau de république, qui creusent leur nid dans les quartiers, les stades, les médias, mais surtout dans les esprits. Ceux-là savent se taire quand il faut et quand ils parlent, les démocrates que nous sommes jugent qu’il est normal qu’on donne la parole à tout le monde. Mais quand un représentant de l’état viole la loi et ment, ceux qui ont la république dans le collimateur peuvent se réjouir, la république se dévore toute seule.  

 

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11:19 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : république

27/03/2013

A la une

 

 C’est une page de journal, probablement la première car les titres sont énormes. Elle est très ancienne. D’abord la photo. Gigantesque, elle occupe la moitié du format. Un homme à moustache me fixe droit dans les yeux. Je dirais… non, difficile de lui donner un âge. De ces gens qui sont de tous les temps. Le journal est abîmé, il a été plié et replié des dizaines peut-être des centaines de fois, il a traîné sur les plateaux des brocanteurs, exposé à la lumière il a jauni. Je parviens à lire « édition spéciale » tout en haut. Mais surtout, en gros : Deuil pour tous les peuples. Il s’agit de l’hommage rendu à un mort. Qui expriment, dans le recueillement, leur immense amour pour et en lettres immenses : Le grand Staline. En plus petit, on apprend que la Conférence nationale du Parti Communiste Français interrompt ses travaux. Suit une longue lettre du Comité Central du Parti Communiste Français adressée au Comité Central du Parti Communiste de l’Union Soviétique. Le titre du journal est l’Humanité, la date à peine lisible, probablement 1953. Pour qu’un tel hommage lui soit rendu, ce Staline fut à n’en pas douter un grand homme.  

 Ou alors non, ce fut un dictateur et ce journal est un faux. Oui, c’est cela. Les hitléro-trotskistes passent leur temps à falsifier l’histoire. D’ailleurs, pas plus que Staline, l’Union Soviétique n’a jamais existé, le journal l’Humanité non plus. Je doute aussi de l’existence du monde. Peut-être que tout cela, vous, moi, ce blog, l’ordinateur, la matière, les planètes, le big bang sont le fruit de l’imagination d’un fou qui n’existe pas. C’était la thèse du philosophe Berkeley qui concevait l’immatérialité du monde. Mon professeur de philosophie tout sourire répondait que le grand penseur n’avait sans doute jamais porté sur son dos un sac de ciment de cinquante kilos. En Sibérie, les rails portés par les déportés devaient aussi être bien lourds. 

 Mais tout cela, c’est du passé, me disait un ami qui me regardait préparer une exposition sur la déportation et l’extermination de six millions de personnes par le régime nazi. Les millions de victimes du goulag il ne faudrait pas non plus en parler. Fini tout ça ? Certainement pas. Il faut parler, enseigner, transmettre à nos enfants. On leur inculque bien qu’il y a deux mille ans, un homme a ressuscité, pourquoi s’interdirait-on de leur dire qu’il y a moins d’un siècle des êtres humains ont souffert, sont morts, et qu’ils le sont restés. 

 J’avais à peine écrit cela, une secte néo-nazie interdite en Allemagne cherchait une salle pour réunir ses partisans en France. A l’autre extrémité de l’échiquier politique, un député européen (ou qui l’a été) prononce contre un ministre une diatribe aux accents antisémites. Oubliez le passé, vous le prendrez en pleine figure. 

 Une raison supplémentaire d’ouvrir l’œil, une rencontre avec un troisième type de totalitarisme n’est pas à exclure. Restons vigilants, n’oublions rien et parlons-en à nos enfants.

 

 

 

17/03/2013

Incorrigibles

 

 Oui ils le sont. Au mieux ils se taisent. Au pire ils l’encensent. Chavez. Un dictateur comme on voudrait qu’il y en eût beaucoup ? Ils se moquent de nous et des vénézuéliens. Ou alors ils rêvent. Comme les petits enfants ils inventent un monde qui n’existe pas.  

 Souvenez-vous. Leur silence fut remarquable lors de l’investiture d’Ahmedinejad en Iran. Chavez le félicitait. Silence généralisé alors à gauche, sans parler de l’extrême… J’ai cru comprendre aussi que nos démocrates à sens unique ne disaient mot des atteintes à la démocratie au Venezuela.  

 Nos politiciens de gauche sont les rois du silence. On aurait pu espérer qu’avec le mur de Berlin, les vieilles coutumes staliniennes s’effondreraient aussi. L’époque où il fallait s’abstenir de soutenir les ouvriers hongrois réprimés par les chars soviétiques, éviter de lire ces livres ennuyeux (dixit Marchais) du contre-révolutionnaire Soljenitsyne, bref toutes ces choses inventées de toutes pièces par l’impérialisme il fallait les taire, c’était presque un devoir, et plus encore un hommage à rendre au grand frère soviétique. Les socialistes scotchés sur l’union de la gauche n’étaient pas en reste, ils n’ont pas brillé à l’époque en discours enflammés condamnant goulag, internements en hôpitaux psychiatriques, écrasement du printemps de Prague. En politique, il faut savoir se taire à l’occasion, ils l’ont parfaitement compris.  

 Et je ne parle pas seulement du personnel politique. Je regarde autour de moi, toujours surpris de voir avec quel empressement de bons amis condamnent le moindre écart vis-à-vis des droits de l’homme quand il s’agit des USA, d’Israël, du Royaume-Uni, de l’occident en général. Et comment les mêmes restent silencieux quand il s’agit de crimes commis par des dictatures. La Chine ferait disparaître le Tibet qu’ils ne diraient mot. Les mêmes qui, ici, nous saoulent avec leur obsession de la diversité culturelle et le respect dû aux minorités religieuses ne trouvent pas les mots pour condamner le totalitarisme chinois. Et vas-y que je me promène à Cuba –un état qui emprisonne les opposants au régime y compris les poètes. A quand des destinations touristiques en Corée du nord et en Iran ?  

 Ils sont incorrigibles. On se penche avec compassion sur le douloureux problème de l’extinction progressive et inexorable du parti communiste. Mais vraiment il n’y a pas de quoi verser une larme. Le parti disparaît, mais son idéologie est toujours active, vivante, dynamique. Dans les médias certes, mais aussi dans l’esprit des gens, à gauche bien sûr, mais à droite et à l’extrême droite car l’américanophobie est là et bien là. Le US GO HOME a fait des petits. New York s’embraserait, l’indignation serait moins grande qu’elle ne le fut quand furent diffusées les images de sombres brutes de l’armée américaine tenant en laisse des prisonniers irakiens. Maudire l’Amérique c’est toujours sympathique, le dimanche entre la poire de nos vergers et le fromage bien de chez nous. 

 Comme ils n’ont plus rien à espérer du côté du levant, comme les théories de la libération n’ont abouti qu’à des dictatures, comme les peuples ont compris que ces gens-là n’étaient pas de leur monde, comme ils n’ont rencontré la misère que dans les livres et encore pas toujours, pour donner du corps à leur discours, ces gens cherchent des boucs émissaires. Depuis leurs cinq pièces du sixième arrondissement, ils lancent des anathèmes contre les forces réactionnaires du monde entier, et vont même jusqu’à dire qu’ils n’aiment pas les riches. Désigner l’ennemi dans une situation de crise est un jeu d’enfant, le choix est large. Et les préjugés xénophobes tenaces leur donnent un bon coup de main. 

 Les personnes dont je parle sont les survivants –parfois inconscients- d’une déflagration qui a ébranlé l’univers : le marxisme.  Enorme météore tombé du ciel, cette philosophie qui devait éclairer les esprits et le monde n’a fait que soulever un énorme nuage de poussière qui nous a trop longtemps rendus aveugles. Nous n’avons rien vu venir, car l’idée était trop belle, et année après année, les idéalistes que nous étions ont cru devoir laisser encore et toujours un peu de chance à ceux qui se disaient en charge du destin de l’humanité toute entière. De Lénine en Staline, de Brejnev en Mao, d’Ho Chi Minh en Castro, d’unions de la gauche en fronts populaires, de Thorez en Mitterrand, d’années en années et d’échecs en catastrophes, partout le marxisme s’est révélé être non pas –oh que non- une illusion, mais une machine de guerre contre l’humanité. Une machine plus efficace que le pire des fascismes, car le marxisme s’il déporte, s’il emprisonne et s’il tue, le fait au nom du peuple et du bien commun. N’a-t-il pas inventé ce concept d’ennemi du peuple ?  

 Tout cela nous le savons, mais il a fallu longtemps le cacher. Et on le cache encore, comme je disais plus haut. A quand un mémorial en hommage aux victimes du communisme en Russie, en Pologne, en Allemagne, à Prague, à Budapest, à Bucarest ? Quand manifesterons-nous notre solidarité avec les démocrates persécutés en Chine et à Cuba ? 

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