01/05/2016
Pompéi, souvenir des vivants
Qu’irais-je donc faire à Pompéi ? La ville a quasiment disparu sous la cendre. On me dit que ce qu’il en reste est en danger. Les maisons s’effondrent, dont la célèbre Schola Armaturarum (la maison des gladiateurs) où les pluies gonflent la terre qui fait pression sur les murs. Comme partout, à Venise aussi, les crédits font défaut pour protéger les chefs d’œuvre. Et puis même, imaginons que ces ruines restent telles qu’elles ont été dégagées aux siècles derniers, quel intérêt ? Les pompéiens sont morts, c’est eux que j’aurais voulu rencontrer.
Ca ne devait pas être triste Pompéi avant l’éruption. A tous les coins de rues, dans les jardins des villas, parfois même en fontaines, partout où c’était possible, des phallus sculptés, peints, parfois énormes, certains sont même pourvus d’ailes, vous rendez-vous compte, des phallus volants ! Si le sexe masculin a la part belle, le féminin n’est pas mal non plus, comme ces jeunes filles enlacées, au corps de rêve, les femmes drapées dans le marbre, qui n’exhalent plus leurs parfums mais montrent leurs parures. Pour donner la mesure, Dionysos, dieu de tous les plaisirs trône en majesté. Sur les murs, les images des banquets où trinquent les bons vivants de l’époque, coupes en verre s’il vous plaît, vin de Crète…on se demande pourquoi, il y en a du bon en Campanie. C’était un temps où les ligues n’existaient pas, où le pape et les imams n’étaient pas là pour pomper l’air à l’humanité.
Bref, on vivait bien, je n’en suis pas certain, un esclave m’en toucha quelques mots. Et alors ? Autant rester sur de bons souvenirs, comme on dit. De regarder les chaînes rongées par la rouille qui entravaient les chevilles des condamnés aux plus durs labeurs n’éveille que la curiosité morbide qui sommeille au fond de nous. Mais je reste ébaubi devant cette statue du fils d’Hermès et d’Aphrodite qui se prélasse en exhibant ses attraits. Allez, rien que pour lui, rien que pour elle, le voyage en vaut la peine. J’aurais aimé être pompéien à cette époque quand l’obscénité n’existait pas. La nudité n’était pas voilée. La sexualité n’était pas un péché. Les lieux de plaisir étaient partout, mais nulle part, et pourtant les fresques sont aussi nombreuses que les murs, nulle part le sexe ne s’exhibait.
Non, je n’aurais pas aimé vivre à Pompéi, avec mes pensées tordues, mon air maussade j’aurais cassé l’ambiance. Ou alors, si. Pas à Pompéi, mais quand même à cette époque. J’aurais pris la place de Jupiter, cet incapable, non mais qu’est-ce qu’il foutait sur son Olympe quand le Vésuve crachait le feu ? Allez ouste, dégage ! J’aurais foutu une trempe à Junon qui m’aurait barré le passage, j’aurais donné mes ordres. Neptune, au lieu de s’époumoner à lever des tempêtes inutiles sinon à faire sombrer les héros de la mythologie, Neptune aurait vite compris à quoi il pouvait se rendre utile. Vite fait bien fait il aurait soufflé sur le monstre fumant jusqu’à l’éteindre. L’année 79 aurait été une année comme les autres, animée seulement par la joie de vivre et la brise venue de la mer.
Seulement voilà aujourd’hui, pillés, brisés, usés par les siècles, les pluies et la brise venue de la mer, la belle statue de l’hermaphrodite, les jeunes filles enlacées, les phallus volants auraient disparu. Avec eux les fresques, les rues, les boutiques, les touristes, les agences de voyage.
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09:35 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pompéi, vésuve, voyage dans le temps
19/04/2016
Quand les philosophes sont de trop
Quand les philosophes sont de trop, l'obscurantisme est là tout près, accompagné de ses gardes du corps: slogans à l'emporte pièce, haine de tout ce qui pense, perte totale de mémoire, dénonciation, exclusion, antisémitisme et violence.
On le savait, mais il est difficile de l'avouer, de le dire, de l'écrire: le fascisme ne tient pas en place. On l'attend à droite, le voilà qui surgit à gauche. On le croyait nazi, le voilà communiste, ou bien écologiste, ou encore altermondialiste. Un philosophe est insulté, molesté. Au nom de qui, de quoi ? De révolutionnaires de salon, d'une bande d'ignares qui ne savent rien de rien, d'esprits étroits qui de 1789 n'ont retenu que la guillotine. Ils auraient des armes... j'espère qu'ils n'en auront pas.
Qu'ils ne nous parlent surtout pas du peuple, ils ne savent pas ce que c'est. Pas de démocratie, ils en profitent et la détestent. Pas de liberté, ils l'ont pour eux et l'interdisent aux autres. Pas de solidarité car s'il leur arrive d'être solidaires, c'est qu'ils haïssent le clan d'en face.
Contre la bête immonde les démocrates n'ont pas d'arme qui tue. Ils ont avec eux des principes, la mémoire, les leçons de l'histoire. Ils ont la pensée. C'est pourquoi le monstre s'attaque au philosophe. Je tiens à rendre hommage à Alain Finkielkraut qui est, au milieu du fatras idéologique dans lequel la France baigne, une boussole.
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12:26 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alain finkielkraut, fascisme, totalitarisme
11/04/2016
Si notre société est si détestable, allez voir ailleurs, c'est le paradis !
Ils ont la haine de l’occident. Pourtant ils viennent y vivre, s’y faire soigner, s’y réfugier, y faire du tourisme, s’y reposer.
Je comprendrais qu’une famille endeuillée suite à un bombardement de l’OTAN, loin d’ici en Afghanistan, en Irak, au Pakistan, voue à nos sociétés une haine vengeresse. Mais venant d’individus, souvent membres de familles nombreuses accueillies dans notre pays depuis plusieurs années, parfois des décennies, cette haine je ne la comprends pas.
Sécurité sociale, RSA, allocations, sans parler des libertés d’expression et de culte, tout est réuni ici pour donner à un immigré les chances de survie qui sont données à un français de souche. Si on me parle de discrimination, qu’on regarde aussi comment sont discriminées les familles avec un ou deux enfants, discriminés les célibataires et les couples sans enfant. Comment sont discriminés ceux qui sans succès font l’effort de chercher un emploi. Sans succès après des années d’études, des diplômes, des stages parfois coûteux en déplacements, des années de souffrance et parfois de crise familiale. Comment sont discriminés les parents d’enfants souffrant d’un handicap, et les parents d’enfants souffrant d’une maladie orpheline. Comment sont discriminés les ouvriers jetés à la rue avec une indemnité ridicule. Comment sont discriminées les femmes chez elles, sur leur lieu de travail, sur leur bulletin de salaire. Comment sont discriminés aussi les paysans et les pêcheurs pour qui le minimum vital est une richesse ! Eux qui travaillent sans compter sont les pestiférés de la république. Où sont les associations pour parler d’eux ? Pour les défendre ? Où sont les « travailleurs sociaux » pour voler au secours de ces gens de la côte et des campagnes sans lesquels nos assiettes seraient vides ?
Je n’ai pas besoin d’entendre le discours guerrier d’un imam pour savoir que l’injustice sociale est la règle, ici en occident. Et il faut se retenir parfois pour ne pas tendre l’oreille aux sirènes de l’extrême gauche. Mais à tous ceux qui tiennent des discours haineux contre les sociétés occidentales, on a envie de dire : allez donc voir ailleurs, c’est le paradis. Ce qu’il aurait fallu envoyer à nos communistes d’antan qui, en toute liberté, raillaient le capitalisme occidental quand deux cent cinquante millions de russes et d’autres gens de l’est étaient privés de tout sans avoir le droit de le dire.
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10:02 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : occident, allocations, libertés, discrimination

