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16/04/2015

Le Bettax 6x9

 Bettax en main.jpg

cliché M.Pourny

 

Le Zeca Bettax fut fabriqué en Allemagne (Dresde ?) dans les années trente. C’est un appareil pliant à soufflet de format 6x9 (le cliché mesure en réalité 5,6 x 8,2cm). En adaptant une plaque demi-format devant le presse film, on obtient un cliché de 3,9 x 5,6cm. Aucun avantage à cela, car dans les deux cas sur une pellicule standard on ne peut tirer que 8 vues, vu le coût du film, autant profiter du format 6x9. 

Dimensions plié l x L x P : 9,2 x 16,2 x 3,9cm, hop dans la poche ! Le plastique n’existant pas à l’époque, on devait se contenter d’un étui en cuir marron cousu à la main. 

Bettax 6x9.jpg

cliché M.Pourny

 

Châssis entièrement métallique, angles chromés, et boîtier recouvert de cuir noir. Comme tous les « foldings » de l’époque, une patte métallique se déplie qui permet de maintenir l’appareil horizontal quand il est posé ouvert. Il peut aussi être vissé sur un trépied.

 Pour déployer l’appareil il suffit d’appuyer sur un bouton, le mécanisme est de grande précision, le parallélisme entre la platine porte objectif et le plan du film est respecté, il n’y a pas de jeu. 

Le chargement s’effectue sans problème en lumière atténuée, la pellicule type 120 permet d’utiliser cet appareil aujourd’hui encore, c’est le même film qui équipe les appareils de moyen-format type Rollei, Hasselblad, Pentax 6x7, Mamiya 645 ou 6x7. Les numérisants vont ricaner, car pour eux ce sont des appareils dépassés, j’y reviendrai un jour, je reste calme. A l’arrière deux petites fenêtres permettent de contrôler le passage à la vue suivante. Pourquoi deux ? Une seule aurait suffi puisque le nombre de clichés est le même quelque soit le format choisi. Si un lecteur peut m’éclairer… 

L’objectif est un Rodionar de chez Schneider-Kreuznach. D’une focale de 10,5cm il ouvre à 6,3. Ce n’est pas lumineux, mais puisque la visée ne se fait pas à travers l’objectif, aucune importance. Diaphragme de 6,3 à 32. Mise au point de 1m à l’infini. 

L’obturateur Prontor II fournit les vitesses suivantes : 1 seconde, ½, 1/5, 1/10, 1/25, 1/50, 1/100, 1/150, plus les poses B et T. Les trois vitesses les plus lentes ne fonctionnent plus, le ressort est fatigué. Dépassé 80 ans, Gauthier G.m.b.H. Calmbach qui produisait le Prontor a décidé de ne plus assurer le SAV. Oui, tout fout le camp ! Nonobstant, pour être sûr du résultat, j’expose entre 1/25 et 1/150. Avec un film de 125 iso c’est largement suffisant (soleil voilé 1/100 à f :11). 

Le déclencheur souple est recommandé, ar les deux petits leviers (armement et déclencheur) sont contigus, un déclenchement involontaire est possible (comme sur le Lubitel). A ce propos, n’avancer le film qu’au moment de prendre la photo (armement et avancement du film ne sont pas couplés), c’est le meilleur moyen de ne pas superposer les clichés, ou de laisser non exposée une partie du film. 

La visée peut se faire de deux manières. Sur la platine porte objectif et obturateur, un petit miroir incliné à 45° renvoie l’image inversée gauche droite, c’est beaucoup trop petit. J’utilise le viseur à cadres pour les deux formats situé sur le dessus du boîtier. Il suffit de faire coïncider les deux rectangles, ce n’est pas très précis, mais beaucoup plus rapide. Attention alors à la parallaxe : pour obtenir une image conforme à celle produite par le viseur, surtout pour les courtes distances, incliner légèrement l’appareil vers le haut (pour les vues horizontales) et vers la gauche (pour les vues verticales). Après une période de non utilisation de l’appareil, on oublie vite ces détails. Avec un Voïgtländer 6x9 à Coutances dernièrement, la lumière était bien comme il faut, révélant les reliefs du monument, j’avais bien peaufiné la mise au point, vérifié plusieurs fois ouverture et vitesse, avancé le film d’une vue, attendu patiemment que les piétons traversent, que les voitures cessent d’entrer et de sortir du parking, bref j’étais content de moi. Je le fus moins après le développement du film. J’avais photographié la moitié droite de la cathédrale. 

Je présenterai prochainement des photos prises avec cet appareil.

 

 

§

07/04/2015

Quel conflit armé ?

 

 

"Quand ils sont arrivés, les djihadistes ont offert à ceux qui étaient encore là, de partir, rester ou payer un tribut, se convertir ou mourir."

(témoignage de Rany 22 ans, chrétien originaire du village de Karemlech, dans la plaine de Ninive en Irak, cité par SOS Chrétiens d'Orient d'après "20 minutes" du 26 mars 2015)

 Le tribut, ce sont les usagers de la RATP qui le paient. Ici en France. On leur cachait que le groupe "Les Prêtres" allait chanter au bénéfice des chrétiens d'Orient. Dans une intention louable: au nom de la neutralité. Au nom du principe de neutralité du service public. Dans "le contexte d'un conflit armé à l'étranger".

"Conflit armé"! Menteurs! Falsificateurs! Vous savez bien que les chrétiens d'Irak, de Syrie et d'Afrique ne sont pas constitués en armée, vous savez bien qui sont les agresseurs, ceux qui ne supportent pas qu'on prie un autre dieu qu'Allah, ceux qui rasent les villages, qui réduisent les femmes en esclavage, vous savez qui ils sont. Seulement voilà: certains d'entre eux sont parmi nous, et parmi nous il y a aussi des milliers si ce n'est des centaines de milliers qui se voilent la face, qui font semblant de rien parce qu'ils ont la frousse, qu'ils aspirent à la paix, la paix des lâches.

Ce sont les mêmes qui se préparent à nous dire: si vous voulez la paix, si vous voulez sauver la république, accordez-leur les mosquées qu'ils demandent, formez des immams avec les deniers publics, ils nous diront bientôt que la viande de porc est mauvaise pour la santé et qu'il vaudrait mieux pour préserver nos femmes qu'elles s'habillent plus décemment.

Mais quand donc le pays de Voltaire se réveillera-t-il ? Voltaire qui ne savait pas le sort qui serait réservé un jour aux chrétiens d'Orient, mais qui disait que la personne dont il ne partageait pas l'avis, il ferait tout pour qu'elle puisse l'exprimer.

 

§

04/04/2015

L'islam, un espoir pour l'humanité ?

   

 L’islam peut-il permettre à l’humanité d’en finir avec l’individualisme et la concurrence sauvage liée à l’économie de marché ? C’est la question que posait –bien avant les porte-parole du multiculturalisme- Roger Garaudy (1). L'idée est simple: la société va mal parce que l'homme a perdu la foi, parce qu'en ne croyant plus en Dieu il ne croit plus en rien. Le lien avec le Ciel a été rompu, la religion a été renvoyée à ses autels, ceux qui président à la destinée du monde sont perdus, dés-orient-és. 

 Garaudy pense que le christianisme des débuts était porteur d’un immense espoir. L'était-il vraiment ? D’où vient alors la fin de l’espérance ? 

 Il faudrait la chercher dans le dualisme grec, cette séparation voulue par les philosophes entre le domaine de la foi et celui de la raison. Une fausse interprétation de la parole biblique selon laquelle il faut rendre à César ce qui lui appartient, à Dieu ce qui lui revient. Coupure entre le politique et le religieux. Garaudy a-t-il raison de dire qu’il n’y avait dans la parole de Jésus que la volonté de dénoncer les prétentions totalitaires de César ? Il reste que cette coupure, cette séparation des domaines terrestre et céleste est remarquable dans la philosophie d’un fondateur de la pensée occidentale, Aristote. L’allégorie platonicienne de la caverne soulignait la continuité du fil qui mène de l’ombre à la lumière, chemin difficile à suivre, démarche douloureuse qui ne mène nulle part ailleurs qu’à l’intérieur de soi (une quête peut-être inspirée de la pensée orientale). Pour Aristote la beauté du monde sensible dans lequel les hommes sont plongés leur donne la possibilité d'y discerner l'existence d'un ordre supérieur, intelligible. D’affirmer qu’il y a un « ailleurs », un autre monde, un au-delà. Qu'il y a une cause supérieure, une puissance créatrice, ordonnatrice. Mais qu’il y a ici-bas un monde et de quoi s’occuper. En laissant à César puis à Constantin plein pouvoir sur la vie politique et sociale, le dualisme « faisait de la foi une affaire privée, n’ayant plus prise sur l’organisation de la cité ». Devenue autonome, la politique portait « en soi ses propres fins, sans rapport avec l’homme ni avec le divin » (Garaudy). 

 Il faut être aveugle et imbibé de culture religieuse pour oublier que durant dix-huit siècles les royaumes occidentaux ont usé et abusé du droit divin, que durant dix-huit siècles les hommes, poètes, philosophes, mécréants, scientifiques, astronomes –sans oublier les femmes- durent vivre, penser et agir à l’heure religieuse, catholique en l’occurrence, un totalitarisme bien plus pervers qu’une dictature car les peuples maintenus dans l’ignorance participent eux-mêmes à leur propre servilité. Si les Lumières, les réformes et les révolutions ont ouvert une brèche dans la forteresse des dogmes et des croyances primitives, elles le firent contre le système religieux, et chaque fois qu’il fallut développer la pensée et le savoir, elles trouvèrent en face d’elles l’Eglise, les églises. 

 En faisant l’impasse sur la nuit qui s’abattit si longtemps sur les peuples, Roger Garaudy veut retrouver la pureté originelle qui fut celle des premiers chrétiens, la vraie foi. Pour lui, si le christianisme a encore une chance de sauver l’homme, « l’homme de nos sociétés occidentales…voué à la solitude, à l’isolement à l’égard des autres hommes…par l’écrasement des plus démunis, …par la convoitise…la publicité et le marketing… », cette chance il peut la trouver dans l’islam. L’islam qui, « en refusant les faux dualismes de la politique et de la foi…en liant indissolublement transcendance et communauté, peut nous aider à revivifier le christianisme lui-même et à surmonter la crise de désintégration du tissu social. » 

 Fichtre ! Moi qui croyais dans les années soixante qu’on allait en finir avec l’obscurantisme religieux, que l’imagination allait s’emparer du pouvoir, accompagnée de ses anges gardiens, la liberté de penser d’un côté et l’avenir de l’homme, poitrine nue de l’autre, me voilà aujourd’hui bien embarrassé ! Tout ça pour rien !? Nous avons cru en un monde inaccessible, nous avons cru en un monde, nous avons cru. Et c’était là l’erreur. Il ne faut pas croire. Un demi-siècle après avoir partagé avec des millions que les religions sont un opium pour les peuples, près de moi passent des femmes dont on ne voit que le bout du nez, des hommes qui n’ont plus d’humain que le système pileux, un philosophe qui me dit que l’avenir d’une religion qui a fait tant de mal si longtemps ici, qui a obligé tant d’hommes et de femmes et d’enfants à croire à des sornettes, tout cela pour préserver des privilèges de caste ou de classe, un philosophe qui émet l’hypothèse que le christianisme pourrait être sauvé par une idéologie qui nous ramène encore plus loin dans le passé et les ténèbres : l’islam ! 

 Il écrivait cela en 1981. Aujourd’hui l’islam est devenu une affaire qui marche. Les catholiques qui, après avoir rongé leur frein dans les années soixante ont compris que l’avenir du culte n’était pas auprès du bénitier, mais à gauche, dans les associations charitables, chrétiens de gauche apôtres du « vivre ensemble » qui sont devenus à ce point des thuriféraires (de turifer: qui porte l'encens) de l’islam qu’ils ne sont plus à même de défendre leurs coreligionnaires empêchés de pratiquer leur culte, et persécutés en Orient. Il ne serait pas étonnant d'assister bientôt à des conversions. Je pense d'abord à ceux pour qui la propagation de l'islam s'explique par le développement du chômage et de la misère. Ils n'ont pas à tergiverser longtemps pour désigner un ennemi commun : le capitalisme sans foi ni loi. A quoi bon condamner les petits trafics quand plus haut on pioche des millions dans les caisses de l'état ? Inquiétant de voir des sentiments aussi humains que l'esprit de solidarité, de justice ou de charité trouver en une idéologie aussi impérialiste et dévastatrice que l'islam un allié de circonstance ! Des milliers de nos compatriotes qui par noblesse de cœur tentent de donner aux jeunes une raison d'espérer, parce que cette belle entreprise se heurte à une situation sociale irrémédiable, risquent de sombrer avec eux dans un islamisme tout politique, frère de ce que nous avons connu dans les années soixante sous le nom de théories de la libération. Ce qu'il y avait dans ces « théories » de volonté d'en finir avec la colonisation et l'exploitation du tiers monde hante les nouveaux libérateurs de nos quartiers : non seulement dans la haine de cette cible clairement identifiée, l'état d'Israël qui colonise à tout va, aussi parce que la situation des jeunes dans les quartiers est celle d'enfants d'enfants d'enfants de colonisés. L'islam qui est devenu dans nombre de pays du proche et du moyen orient l'étendard de la révolution pourrait en occident cimenter les exigences des enfants de l'immigration que la société n'a pas su accueillir, ou qui n'ont pas voulu s'y intégrer, mais aussi inspirer une certaine gauche un peu perdue depuis la disparition corps et âme de ses maîtres à penser et de leurs tristes expérimentations sur des millions d'êtres humains. Certains signes ne trompent pas, une candidate d'extrême gauche voilée, la participation de militants gauchistes à des manifestations islamistes aux slogans antisémites, à des colloques en présence de salafistes, le silence réservé aux attentats et l'insistance à en rendre coupables des gens qui n'ont rien à voir avec l'islam... 

 N'est-elle pas paradoxale cette fusion entre une partie du monde progressiste, intellectuels, militants de partis ou d'associations et l'idéologie totalitaire ? Elle ne devrait pas nous étonner. On a connu fusion semblable dans le passé quand on dénommait certaines parties du territoire les banlieues rouges. Elles étaient peuplées de familles ouvrières qui voyaient dans le communisme en construction à l'est une raison d'espérer. Etaient-ils blâmables ces militants qui restaient sourds aux appels pressants des « dissidents » qui alertaient l'occident sur les effets terribles de la dictature communiste ? Certainement pas. D'autres oui, beaucoup plus haut sur l'échelle militante, qui savaient. 

 La trajectoire de Garaudy est intéressante car elle montre comment on peut passer d'une idée à une autre. D'un totalitarisme qui a fait son temps à un autre, "prometteur". Elle montre aussi que le capitalisme sauvage mondialisé peut fabriquer des monstres. Combien nos sociétés derrière une façade aux couleurs de la modernité n'ont pas progressé dans le domaine de l'esprit. Combien il est difficile d'être un simple militant de la liberté, sans se référer à un système ni à un livre aussi sacré soit-il. C'est pourtant ce qu'il faut être.

 

§

 

 

        (1) Garaudy, Promesses de l’islam, éditions du Seuil, 1981, p.57 ;