13/05/2015
Le Retina Reflex III
archives M.Pourny
Le Retina Reflex III est un appareil de marque Kodak, fabriqué en Allemagne dans les années 60. Il fournit des clichés 24x36 sur film standard 35mm.
Il mesure 134mm (sans les œilletons) sur 104mm de haut, et 60mm d’épaisseur (sans objectif), 70mm avec le 50, 80mm avec le 85, 94mm avec le 28 et son pare-soleil.
Le Retina équipé du Curtagon de 28mm cliché M.Pourny
Le Télé-Arton de 85mm cliché M.Pourny
Sa conception est différente des appareils 24x36 classiques, car son obturateur est du type Synchro-Compur donc central, et qui plus est : non monté sur les objectifs, mais solidaire du boîtier. Double avantage : les optiques sont légères et peu encombrantes, la photographie au flash est possible à toutes les vitesses, de 1 seconde au 1/500°s. Il n’y a pas de retardateur. Un déclencheur souple peut se visser dans le déclencheur.
Comme dans les autres appareils reflex, le miroir renvoie l’image redressée sur le dépoli de visée, par l’intermédiaire d’un pentaprisme. La visée n’est possible qu’une fois l’obturateur armé par un levier situé sous le boîtier. Le point se fait soit par coïncidence de lignes sur le stigmomètre central, soit sur l’ensemble du dépoli.
La fenêtre du posemètre au sélénium est placée sur la face avant à droite, en pressant sur un bouton chromé à droite du pentaprisme, on indique la sensibilité du film, de 5 à 3200 iso, visible à l’intérieur de la couronne à l’extrême droite du capot.
Suivant ce réglage et l’intensité de la lumière disponible, pour une exposition correcte, l’aiguille du galvanomètre doit venir se placer au centre de l’index. Deux fenêtres de lecture : l’une sur le capot, l’autre dans le viseur. On règle l’ouverture à l’aide d’une molette située sous le boîtier. Celle-ci se bloque, respectant la plus grande ouverture possible pour chaque optique : f4 pour le 28mm, f2,8 pour le 50 et f4 pour le 85. Suivant le réglage du diaphragme, deux petits index rouges indiquent, sur l’échelle des distances de chaque objectif, la profondeur de champ. Très pratique, car celle-ci ne peut pas être évaluée dans le viseur.
Une fois le diaphragme choisi et l’exposition déterminée, on peut modifier le couple vitesses/ouverture par la rotation de la grande bague des vitesses, par exemple : f4/500°, f5,6/250°, f8/125°, f11/60°, f16/30°…
Le rembobinage se fait en pressant un bouton placé près du levier d’armement, puis par rotation de la couronne moletée sur la gauche du capot. Le compteur de vues doit être remis à zéro par bouton coulissant sous le boîtier.
L’ouverture du dos : faire pivoter un levier sous la semelle du boîtier qui laisse apparaître un petit bouton à presser, pas très facile, il faut avoir des ongles. L’arrière de la chambre, rails guide film et presse film confirment la qualité de construction de cet appareil.
Les objectifs sont des Schneider-Kreuznach, Curtagon f :4/28mm, Xenar f :2,8/50mm, Télé-Arton f :4/85mm. Les filtres sont à monture vissante 32mm pour le 50 et le 85, les pare soleil sont à baïonnette, celui du 28 est monté à demeure. Le changement d’optique se fait par bouton poussoir sous la platine porte objectif, très rapide.
archives M.Pourny
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13:05 Publié dans Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kodak, retina, schneider, kreuznach
10/05/2015
Hommage à Jacqueline de Romilly
Je me rappelle les propos de Jacqueline de Romilly. C'était à la télévision il y a plus de dix ans, un débat avec des enseignants et des spécialistes de l'éducation. L'idée générale était qu'il fallait ouvrir l'école sur la vie. Une intervenante institutrice faisait part de son expérience. Afin qu'ils fassent mieux connaissance, elle promenait ses élèves dans les quartiers environnants, où chacun pouvait présenter son chez soi, ce qui était beaucoup plus convivial que ces curriculum vitae impersonnels vite étalés sur une demi-feuille de papier d'écolier.
Jacqueline de Romilly eut cette répartie que ce n'était pas le rôle de l'école de promener les élèves jusque chez eux, mais que l'école elle-même était un détour, un détour nécessaire, une distance obligée vis à vis de la vie quotidienne, des habitudes, surtout des préjugés et des croyances qui ont l'ignorance pour origine. Ce "détour" était pour elle la condition de l'apprentissage, de la bonne éducation. Pour apprendre, il faut s'écarter, s'isoler, presque s'évader, oublier, s'efforcer d'oublier les soucis quotidiens, et cela encore n'est rien, mais oublier d'où l'on vient, pour employer un mot à la mode: mettre sur le côté sa propre culture. C'est toute l'oeuvre du pédagogue de prendre en compte la personnalité, la situation des enfants qui lui sont confiés, afin de les tirer vers le haut, de les mettre en contact avec les connaissances humaines, ces belles choses que ni la rue, ni les copains, ni la télévision, ni internet ne leur permettront d'entrevoir, et pour une majorité d'enfants, ces belles choses que leurs propres parents ne leur transmettront jamais, parce qu'eux-mêmes l'école les avait oubliés.
Depuis quelques décennies, l'éducation nationale prend le chemin inverse. Elle se met au diapason de la société, des façons de vivre, des milieux sociaux, des origines ethniques, des religions. Si peu de personnes s'inquiètent de cette situation, c'est que cette dérive se fait au nom de la démocratie, disons plutôt du démocratisme qui est devenu le laisser passer du politiquement correct. Mettre l'éducation au niveau de tout le monde, ce qui revient à dire au niveau le plus bas. On mettrait tous les salaires au niveau du SMIC, on provoquerait instantanément l'insurrection. Quand il s'agit d'éducation, cela ne choque que très peu les associations de parents d'élèves et les syndicats d'enseignants. Supprimer les options de grec ancien et de latin, peu leur importe, ce sont des matières pour les gosses de riches. A ce propos, il serait bon de savoir dans quelles écoles nos démocrates à tout prix confient leurs enfants, j'ai du mal à croire que le grec ancien, le latin et d'autres matières "élitistes" désertent du jour au lendemain le territoire national. L'ignorance démocratique et la mixité sociale c'est bien, mais pour les autres.
Pour mener à leur terme ces réformes, il manquait encore quelque chose: mettre fin au caractère national de l'école. C'est logique. Comment voulez-vous adapter l'enseignement à tout le monde quand on sait à quel point le monde est lui-même disparate ? Et nos bobos, la bouche en cul de poule de nous dire que cela est très bien, que nous sommes tous différents, et qu'il faut respecter les différences. Que nous sommes tous différents, certes. Mais qu'il faut respecter les différences, c'est aussi ce qu'aurait pu défendre le seigneur par rapport à ses serfs, le capitaliste par rapport à ses ouvriers, le marchand d'esclaves par rapport aux êtres humains enchaînés qui traversaient l'Atlantique à fond de cale. Le respect de la différence n'inclut pas nécessairement celui de la bêtise et de l'ignorance. Encore moins celui de l'inégalité sociale. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. L'éducation ne sera pas la même selon le quartier, le département, la ville ou la campagne. A commencer par les programmes scolaires qui ne seront plus nationaux, mais adaptés à chaque situation.
Nous sommes loin du détour évoqué par Jacqueline de Romilly. Prétendant ouvrir l'école sur la vie, on la livre à l'opinion publique, aux communautés, à l'humeur des uns et des autres. Les gens qui nous gouvernent, comme les smartphones, feront de nos enfants des hommes et des femmes qui seront au courant de tout et qui ne sauront rien.
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09:23 Publié dans L'école | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réforme des collèges, communautarisme, éducation nationale
05/05/2015
A mes camarades de classe des années 60...
...quand les Lumières éclairaient encore.
Après l'enseignement du grec ancien et du latin, qu'y a-t-il encore à supprimer parmi ces matières qui encombrent l'esprit de nos enfants ? Pour éviter la table rase, à l'heure où même les pacifistes ne s'opposent pas à la propagation des avions de guerre Rafale dans les états en guerre, il faudrait les réveiller un peu. Insister dans nos classes sur les crimes des armées coloniales, les répressions sanglantes des populations africaines, ces sujets rencontrent un certain succès parmi les élèves issus de ces contrées. Pour ajouter à leur plaisir, on se dispensera d'aborder le fait religieux en général, car on sait maintenant qu'il n'y a qu'un fait en matière de religion: le musulman. On évitera les sujets qui fâchent, les crimes contre l'humanité, les tortures et l'esclavage quand ils sont l'oeuvre d'états africains ou orientaux, les crimes contre l'humanité quand il s'agit de la Shoah ou du génocide arménien, mais surtout, surtout, alors là j'insiste. NE PAS ABORDER DE QUELQUE FACON QUE CE SOIT LA LECTURE DES OEUVRES DES PHILOSOPHES DU SIECLE DES LUMIERES au risque de jeter le trouble dans les esprits et de mettre en cause la belle idée du Vivre ensemble.
Retirez donc des bibliothèques, loin du regard de nos enfants ces brûlots des encyclopédistes, paroles génératrices de haine des mécréants Diderot, Bayle, Voltaire :
"...le meilleur remède contre le fanatisme et la superstition serait de s'en tenir à une religion qui, prescrivant au coeur une morale pure, ne commanderait point à l'esprit une créance aveugle des dogmes qu'il ne comprend pas..." (Diderot, article Christianisme de l'Encyclopédie)
"C'est en revêtant cet extérieur imposant, c'est en tombant dans ces convulsions surprenantes, regardées par le peuple comme l'effet d'un pouvoir surnaturel, c'est en lui présentant l'appas d'un songe ridicule que l'imposteur de La Mecque osa tenter la foi des crédules humains, et qu'il éblouit les esprits qu'il avait su charmer, en excitant leur admiration et captivant leur confiance." (Diderot, article Christianisme de l'Encyclopédie)
"...l'ignorance d'un premier Etre Créateur et Conservateur du Monde n'empêcherait pas les membres de cette Société (une société d'athées) d'être sensibles à la gloire et au mépris, à la récompense et à la peine, et à toutes les passions qui se voient dans les autres hommes, et n'étoufferait pas toutes les lumières de la raison, on verrait parmi eux des gens qui auraient de la bonne foi dans le commerce (les relations sociales), qui assisteraient les pauvres, qui s'opposeraient à l'injustice, qui mépriseraient les injures, qui renonceraient aux voluptés du corps, qui ne feraient tort à personne... Il s'y ferait des crimes de toutes les espèces, je n'en doute point; mais il ne s'y ferait pas plus que dans les sectes idolâtres..." (Pierre Bayle, Pensées sur la comète)
"Comparez un peu les manières de plusieurs Nations qui professent le christianisme,...vous verrez que ce qui passe pour malhonnête dans un pays ne l'est point du tout ailleurs. Il faut donc que les idées d'honnêteté qui sont parmi les chrétiens ne viennent pas de la religion qu'ils professent...Avouons donc qu'il y a des idées d'honneur parmi les hommes qui sont un pur ouvrage de la Nature, c'est-à-dire de la Providence générale." (Pierre Bayle, Pensées sur la comète)
"Je voyais arriver à droite et à gauche des troupes de fakirs, de talapoins (moines siamois), de bonzes, de moines blancs, noirs et gris, qui s'étaient tous imaginé que, pour faire leur cour à l'Etre Suprême, il fallait ou chanter, ou se fouetter, ou marcher tout nu. J'entendis une voix terrible qui leur demanda: Quel bien avez-vous fait aux hommes ? A cette voix succéda un morne silence; aucun n'osa répondre, et ils furent tous conduits aux Petites-Maisons (asiles de fous) de l'univers: c'est un des plus grands bâtiments qu'on puisse imaginer." (Voltaire, article Dogmes de l'Encyclopédie)
Il suffit pour lire ces belles pages d'ouvrir le Lagarde et Michard, recueil de textes des penseurs du XVIII° siècle, philosophes qui nous ont appris le rire, rire de la bêtise, de l'obscurantisme, de toutes les formes d'absolutisme. Nos professeurs nous les ont fait découvrir et aimer. Nous avons eu cette chance, comme l'ont eue les personnes qui aujourd'hui décident des programmes d'enseignement. Souhaitent-elles que leurs propres enfants soient dispensés de cet éclairage ? Ce serait un signe inquiétant que l'enseignement des Lumières ne tienne plus la place que l'école de la République lui avait accordée.
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07:20 Publié dans Belles pages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, diderot, bayle, lumières, enseignement