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24/09/2014

Islam hors de cause

 

 

Il ne faut pas dire islamistes. On pourrait induire les gens en erreur. Dans le mot il y a islam. Ceux qui maltraitent qui violent et qui tuent sont des brutes, des primitifs, des sauvages, des arriérés, des barbares, des terroristes, des fondamentalistes, des intégristes, des criminels, des assassins. Ces gens-là n'ont rien, absolument rien à voir avec une quelconque religion, encore moins avec une religion d'amour. Religion d'amour qui s'épanouit aujourd'hui en France, en voie de dissolution complète dans la république, sourcilleuse du respect de la laïcité jusqu'aux limites de l'intolérance, championne infatigable des droits et libertés des femmes, apôtre de l'entente cordiale entre toutes les confessions, avec une petite préférence il faut le reconnaître pour les chrétiens et les juifs. 

Non vraiment, les meurtres de femmes d'hommes et d'enfants ne sont pas l'oeuvre d'individus qui agiraient sous l'empire d'une foi religieuse. Certes il peut arriver que la foi aveugle. Pas d'inquiétude pour nous ni pour nos enfants, ni pour la république. La preuve s'il en était besoin, c'est de voir, aussitôt les faits connus, avec quelle détermination les musulmans de France ont condamné les actes barbares commis contre des populations sans défense. 

D'ailleurs, nos politiques le disent et le répètent: quand il y a de la violence quelque part dans le monde, l'islam est hors de cause. On va pouvoir continuer à fermer les yeux et faire un gros dodo.

 

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26/08/2014

On ne la nomme plus, elle est partout

 

 

 Un mot qui n'est plus à la mode, qu'on employait beaucoup autrefois, bien souvent immodérément il faut bien reconnaître, un mot qui sortait de la bouche de personnes qui avaient ceci en commun qu'elles faisaient de la politique, qu'elles prenaient parti, qu'elles s'engageaient -ne nous emballons pas, on sait maintenant que l'engagement n'est pas toujours un exemple à suivre- mais surtout ce qu'il faut retenir, c'est que ces personnes étaient du bon côté, celui du progrès, de la morale, oserai-je lâcher ce terme qui depuis le grand Platon a provoqué chez tant de philosophes en herbe ce frémissement qui vous prend au bas du dos et remonte, vertèbre par vertèbre jusqu'au sommet du crâne pour un dernier frisson transcendantal, allez je lâche: le souverain Bien. Oui ces personnes étaient du bon côté, elles le savaient et nous aussi on le savait, car on nous le répétait sans cesse. Il ne se passait pas quelque chose dans le monde sans qu'on nous rappelle ce qu'il fallait penser... si on voulait creuser son trou du bon côté. Et ceux qui ne creusaient pas, ou mal, où là où il ne fallait pas étaient perdus pour la cause, et définitivement classés "réactionnaires". 

Le mot est passé de mode. Réaction. Pourquoi donc? Je regarde autour, je la vois partout. Car voyez-vous, la chose n'est pas cantonnée en politique, malheureusement. Vieille comme le monde, riche d'une expérience infinie, elle est rusée la coquine, elle va fourrer son nez là où ne l'attend pas. Attention au piège! Le béotien moyen, ce fut mon cas pendant un quart de siècle je sais de quoi je parle, le béotien moyen qui entend le mot regarde instinctivement à droite. Il a raison question réaction, à droite ça déborde. Au point d'inonder les alentours. Pas seulement dans la plaine. Même les montagnards sont atteints, les penseurs de l'extrême, ou leurs adeptes. 

Il faut noter ce fait étrange que des gens qui prônent la révolution sont dans bien des domaines réactionnaires. Il n'y a qu'à voir quelle résistance fut la leur avant d'admettre qu'un homme pouvait aimer un homme, qu'une femme pouvait aimer une femme. Comme souvent, ce sont les gens qui ont le plus tardé à admettre l'inévitable qui sont les premiers un beau jour à clamer haut et fort ce qu'il faut penser... après que le verrou du tabou a sauté. Alors c'est amusant de les voir descendre par milliers dans la rue pour faire entendre leur symphonie du progrès. Et là, si vous émettez quelques réserves, ou si vous parlez comme eux-mêmes le faisaient avant-hier, attention à vous! Non je plaisante, vous ne risquez rien, au pire peut-être le silence à votre passage devant la machine à café ou dans ces réunions de famille où l'on évite adroitement les sujets qui dérangent. Allez dire que c'est un acte contraire aux droits humains que de voiler sa femme, vous ne risquerez rien non plus, à l'heure où je parle vous pourrez encore circuler librement, mais vous aurez droit à une leçon du genre: il faut respecter les différences culturelles et le vivre ensemble, et ce sera déjà un moindre mal pour vous si on ne vous assène pas un cours d'anti-racisme. Il y a quarante ans les révolutionnaires regardaient les religions comme un opium pour les peuples, c'est tout juste si aujourd'hui ils voient en elles un moyen de libération. Quarante ou cinquante années ont suffi pour qu'une génération d'hommes et de femmes, par une mutation extraordinaire, oubliant l'idéal révolutionnaire, déposant leurs idées et les armes, rejoignent le cortège des policiers de la pensée. 

La réaction fait aussi bon ménage avec la science. Avant d'aborder la question, une constatation : les mathématiques, les sciences et les techniques développent le raisonnement. L'intelligence et l'ouverture d'esprit c'est moins sûr. Faut-il rappeler les résistances d'une grande partie du corps médical quand à la légalisation, et surtout à la pratique de l'avortement? Tentez simplement, sur le mode questionnant, timidement, à mi-mots, de suggérer à un scientifique pur et dur -les scientifiques le sont souvent- que des témoins dignes de foi auraient éventuellement vu dans le ciel un objet volant non identifié, c'est toute la science du monde qui va vous rire au nez. Quelle rupture avec le passé quand la science s'interrogeait, écoutait, découvrait, avec quel courage! Car la réaction de l'époque pratiquait la Question à l'aide de moyens persuasifs. 

Il y a un domaine où la réaction est à l'aise, c'est la technologie. Non mais regardez-les! Ils se croient libérés parce qu'ils communiquent sans fil où ils veulent quand ils veulent, métro, bus, à pied, en vélo, en moto, au cinéma, au musée et jusqu'à votre table quand leur musique préfabriquée interrompt toutes les conversations. Et ceux-là qui commettent viols, crimes et génocides, ne sont-ils pas reliés par satellite? Ah! S'il suffisait de coller un téléphone portable à son oreille, de surfer sur tout ce qui bouge, de manipuler tablettes, smart phone, gépéesses et écrans les plus sophistiqués en trois, quatre ou cinq dimensions pour enfin ouvrir son esprit... Si l'informatique change beaucoup les choses dans notre vie, pesons les mots. La qualifier de révolution est exagéré. S'il y a révolution un jour, ce sera dans le comportement des hommes, sinon ce n'est pas intéressant. Si tous ces instruments rendaient les gens plus intelligents, respectueux des autres et de la langue, de la grammaire et de l'orthographe. Mais non, grave erreur, grammaire et orthographe colportent une mauvaise image, celle de l'ordre prescrit. Horreur! Pour celui qui ne respecte plus rien, et surtout pas les règles, tout est facile, s'obtient sans effort. C'est un danger qui nous guette, de croire qu'en méprisant les conventions, nous serions libres. Entre celui qui respecte la loi et celui qui s'en affranchit, le plus réactionnaire n'est pas celui qu'on croit. Ce type, qui écrit à cent à l'heure dans un langage incompréhensible une sorte de message qu'un autre au volant aussi recevra en temps réel, quelle est sa vision du monde, sa conception de la vie, qu'enseigne-t-il à ses enfants, saura-t-on jamais s'il était entré, avant qu'il ne se tue sur la route, dans la modernité ? 

 

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03/07/2014

Magie du progrès

 

 

 Dans le petit jardin trône le barbecue à système de nettoyage one-touch et clapet d'aération en alliage léger. Des enfants clapotent dans la piscine autoportante Liner PVC triple épaisseur, mailles polyester. Le nettoyeur haute pression d'une grande beauté reste un long moment à la vue des passants, il vient de servir. La mousse gagnait inexorablement sur les 240 cm du muret de façade. L'appareil est équipé de la fameuse poignée quick coupling, et surtout de la lance vario power et rotabuse qu'on ne présente plus...

 Il va être temps pour les baigneurs de rentrer, il se fait tard, nul besoin de lever les yeux au ciel pour cela, la lampe extérieure aux accus lithium-ion intégrés vient de s'allumer, preuve incontestable d'un coucher de soleil imminent. D'ailleurs, pour les enfants c'est l'heure de la douche aux multi-jets massants, comme le confirme la montre mode GPS Workout avec tensiomètre et configuration individuelle de cadran du maître de maison. La fonction boussole sera inopérante ce soir, son usage dans la maison est extrêment rare.

 Avant le coucher il faudra éteindre les écrans, celui de l'immense Smart TV connectée LED 31,5 pouces sans fil aux 800 chaînes programmables, sommet technologique capable de révéler les plus infimes détails de l'épiderme des champions du Mondial de foot. Mais à 22 heures plus personne ne sort, les volets commandés par le serveur central isolent la maison de la rue, du quartier et du monde. Du monde pas tout à fait, les ordinateurs, tablettes et smartphones restent en alerte jusqu'à la dernière minute, au cas où.

 Si ce n'est le tuiiiit d'un camescope qu'on a oublié d'éteindre et le pip pip d'une batterie en charge, la maison est calme, mais les centaines de diodes rouges, vertes et oranges qui brillent dans la nuit sont là, signes que la vie n'a pas abandonné les lieux.

 Au petit matin on apprécie les pas décisifs accomplis par la technologie. Rien à mettre en marche, aucun bouton à tourner, il suffit d'approcher la main, un café bien dosé se prépare, il suffit de parler, même de loin, grille-pain et micro-ondes entrent en fonction. Les écrans s'allument pour les journaux du matin, vous informent de tout ce qui se passe dans le monde ou presque. 

 Ou presque. Car ceux qui nous informent sont encore des hommes. Avec leurs croyances, leur conception du monde, leur morale, et aussi les ordres qu'ils reçoivent, la censure et l'autocensure. Cette famille connaîtra en six minutes les prévisions de la météo et les résultats des matches, elle saura qu'un ferry a chaviré entraînant la mort de centaines de voyageurs, que les guerres font des milliers de victimes chaque jour, que le chômage est encore en hausse à la virgule près, qu'un homme qui avait perdu son emploi a mis fin à ses jours et à ceux de ses enfants. Elle ne saura rien de monsieur et madame Martin viticulteurs dans le Mâconnais qui ont tout perdu en une nuit à cause de la grêle. Elle ne saura pas qu'un jeune homme a été agressé et battu par un groupe d'individus parce qu'on disait dans le quartier qu'il était homosexuel. Elle ne le saura pas, ou seulement s'il meurt. Elle ne saura pas non plus que chaque jour des jeunes filles sont insultées ou menacées parce qu'elles ne se couvrent pas d'un voile. Elle ne saura pas qu'ici en France et maintenant des milliers d'hommes et de femmes n'ont plus rien à espérer ni pour eux ni pour leurs enfants car tout ferme, les usines, les gares, les bureaux de poste, les classes. Elle ne saura pas que deux personnes qui ne s'aiment plus se déchirent, et que pour leurs enfants cela est mille fois plus grave que le naufrage d'un navire entraînant la mort de centaines de passagers. Elle ne saura pas que par manque d'entretien et de personnel les passagers d'un ferry seront un jour en danger de mort. 

 Le père et la mère de cette famille ne sauront rien de tout cela. Et c'est mieux ainsi. Imaginez un peu ce que deviendrait notre vie si nous étions informés de ce qui n'est pas factuel, observable, accompli, et parfois même de ce qui nous attend. Que vous êtes en voiture, que la voix du GPS, gorge serrée, vous annonce: " Madame monsieur, il est de mon devoir de vous communiquer que quelques centaines de mètres après le giratoire vous ne pourrez pas éviter le choc frontal avec un camion en panne de freins ! " Jamais vous ne l'entendrez. Délicatesse du progrès technologique.

  Mais il est l'heure de partir, de conduire les enfants à l'école. Ils finissent de survoler le règne du roi soleil, et comme nous sommes en novembre, ils abordent la guerre de 14. Au brevet des collèges, ils écriront dans un français approximatif qu'Hitler a été torturé à mort par Jean Moulin et mettront Paris à la place de Marseille sur une carte de France muette. Heureusement l'informatique fait son entrée dans les cartables pour mettre définitivement de l'ordre dans tout ça. 

 

 

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