07/10/2014
Est-il en notre temps rien de plus odieux...
…De plus désespérant que de n' pas croire en Dieu (1) ?
Faudra-t-il qu’un jour on s’excuse de ne pas croire ? Reste-t-il dans notre société encore une petite toute petite place pour les incroyants ? Je dirai même plus : une petite place pour ceux qui ne savent pas, pour ceux qui doutent ? Alors que la religion est partout, pénètre partout, s’insinue dans tous les recoins de l’espace public, que les fidèles s’arrogent tous les droits, sur leurs proches d’abord, voilent les femmes et leurs filles, installent ici ou là des petits avant-goût de charia, se voient accorder des reportages jusqu’à plus soif sur les télés et les radios, ramadans, pèlerinages, prières, nous habituant peu à peu dans les rues et magasins au port de la barbe sur des visages fermés, au camouflage de tout ce qui pourrait évoquer une présence humaine, voilà qu’ils déterminent ce que nos propres enfants doivent manger, et quand en Orient des innocents sont massacrés sur fond de lecture d’un verset du coran, les médias de chez nous, ébaubis, offusqués, effarouchés, s’empressent de voler au secours de qui ? des musulmans d’ici, comme s’ils étaient les victimes, montrant et démontrant, aidés d’une légion de consultants, de philosophes, de sociologues et d’intellectuels compatissants, que l’islam ce n’est pas cela, que l’islam est une religion de paix et d’amour.
Et nous dans tout ça ?
Tant que les enfants ont la santé, que la famille n’est pas touchée, que la météo est clémente et qu’on arrive en gros à boucler les fins de mois, tant que dans un rayon de cent mètres autour du foyer la moitié de l’humanité n’est pas voilée et que l’appel de l’imam n’atteint pas nos oreilles, on fait les morts. Avec des variantes. Il y a les morts, mais alors indécrottables, ceux qui ne voient et ne verront jamais rien même si on leur plantait des yeux devant et derrière, cent yeux comme ceux d’Argus, mais pour eux ce serait peine perdue, car chez les humains que nous sommes, ce ne sont pas les yeux qui voient, mais le cerveau.
D’autres, plus alertes ont vu, ils sentent que quelque chose se passe parce qu’ils ont été confrontés au problème –j’allais dire religieux mais en fait non, plutôt politique vu l’extension du phénomène dans tous les champs sociaux- et ont dû réfléchir, prendre une décision parfois courageuse, le plus souvent en forme de compromis. C’est le cas des policiers,
bon madame, va pour cette fois, mais pour conduire votre tenue ne convient pas, elle risque de vous faire commettre des imprudences.
C’est le cas des enseignants qui pour avoir la paix dans certaines académies, doivent admettre que bien qu’elles aient commis ici ou là et parfois des erreurs, les religions et surtout l’une d’entre elles sont des parangons de vertu. Et de visiter avec des classes et des classes d’élèves mosquées et Institut du monde arabe. C’est le cas des politiques et des législateurs qui ne cessent de tourner autour du pot, qui font semblant d’agir et n’agissent pas, qui brandissent haut le drapeau de la république laïque pour mieux cacher leur impuissance.
D’autres me feraient rire si la situation n’était aussi grave. Ce sont les pires, en haut de la courbe de la pusillanimité, en un mot les faux-culs. Qui se donnent des airs, modèles de tolérance avec l’esprit tellement ouvert qu’il attrape tout ce qui passe, à commencer par la bêtise et l’obscurantisme pourvu qu’ils viennent d’ailleurs. Vous avez deviné, ce sont nos bourgeois de gauche, nos bobos bien installés chez nous, exclusivement dans les quartiers calmes.
Oh, comme cette jeune fille porte bien le foulard, mais où vont-elles chercher ces tissus aux couleurs chatoyantes ?
Ces nounours qui pendant des années ont joué la carte du féminisme, hurlant sur leur conjoint mâle s’il ne prenait pas sa part des corvées du ménage, feignent d’ignorer aujourd’hui la situation difficile des filles et des femmes dans nos banlieues -et au-delà car le fléau gagne les provinces-. Attitude insupportable, mélange de duplicité et de veulerie, car ces femmes-là ont fait des études, savent à quel prix, après des siècles de lutte, l’esprit démocratique a pris l’avantage sur l’obscurantisme. Mais voilà que ce dernier revient sous une forme nouvelle, sûr de lui, habile et fin politique, alternant le chaud et le froid, avançant à petit pas, cajolant ou menaçant. Résultat, dès qu’on ouvre un œil on prend conscience du danger, la trouille nous gagne, on sent que la cause est perdue, on s’en invente une autre, pépère tranquille, genre vivre ensemble nos différences culturelles. Et c’est ainsi mesdames et messieurs que le fascisme s’installe.
Il y a pourtant des personnes courageuses, philosophes, politiques ou gens de tous les jours, mais on ne les entend pas ou si peu. Il arrive même qu’on s’en moque ou mieux, qu’on les fasse passer pour des survivants d’un autre âge, des nostalgiques du passé, des républicains rigides, des « laïcards », et même des individus animés par des sentiments racistes et xénophobes ! Comme si la religion avait quelque chose à voir avec la race !
Des millions de nos compatriotes qui croient, qui croient un peu ou qui ne croient pas, qui sont des gens de bien, qui n'ont jamais imposé leurs idées à quiconque, pourraient chanter avec le poète
Si l'Eternel existe en fin de compte il voit
Qu'je m'conduis guèr' plus mal que si j'avais la foi.
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(1) Georges Brassens « Le mécréant »
10:47 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, intolérance, brassens
24/09/2014
Islam hors de cause
Il ne faut pas dire islamistes. On pourrait induire les gens en erreur. Dans le mot il y a islam. Ceux qui maltraitent qui violent et qui tuent sont des brutes, des primitifs, des sauvages, des arriérés, des barbares, des terroristes, des fondamentalistes, des intégristes, des criminels, des assassins. Ces gens-là n'ont rien, absolument rien à voir avec une quelconque religion, encore moins avec une religion d'amour. Religion d'amour qui s'épanouit aujourd'hui en France, en voie de dissolution complète dans la république, sourcilleuse du respect de la laïcité jusqu'aux limites de l'intolérance, championne infatigable des droits et libertés des femmes, apôtre de l'entente cordiale entre toutes les confessions, avec une petite préférence il faut le reconnaître pour les chrétiens et les juifs.
Non vraiment, les meurtres de femmes d'hommes et d'enfants ne sont pas l'oeuvre d'individus qui agiraient sous l'empire d'une foi religieuse. Certes il peut arriver que la foi aveugle. Pas d'inquiétude pour nous ni pour nos enfants, ni pour la république. La preuve s'il en était besoin, c'est de voir, aussitôt les faits connus, avec quelle détermination les musulmans de France ont condamné les actes barbares commis contre des populations sans défense.
D'ailleurs, nos politiques le disent et le répètent: quand il y a de la violence quelque part dans le monde, l'islam est hors de cause. On va pouvoir continuer à fermer les yeux et faire un gros dodo.
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19:37 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : islam, islamisme, jihad, religion, musulmans
26/08/2014
On ne la nomme plus, elle est partout
Un mot qui n'est plus à la mode, qu'on employait beaucoup autrefois, bien souvent immodérément il faut bien reconnaître, un mot qui sortait de la bouche de personnes qui avaient ceci en commun qu'elles faisaient de la politique, qu'elles prenaient parti, qu'elles s'engageaient -ne nous emballons pas, on sait maintenant que l'engagement n'est pas toujours un exemple à suivre- mais surtout ce qu'il faut retenir, c'est que ces personnes étaient du bon côté, celui du progrès, de la morale, oserai-je lâcher ce terme qui depuis le grand Platon a provoqué chez tant de philosophes en herbe ce frémissement qui vous prend au bas du dos et remonte, vertèbre par vertèbre jusqu'au sommet du crâne pour un dernier frisson transcendantal, allez je lâche: le souverain Bien. Oui ces personnes étaient du bon côté, elles le savaient et nous aussi on le savait, car on nous le répétait sans cesse. Il ne se passait pas quelque chose dans le monde sans qu'on nous rappelle ce qu'il fallait penser... si on voulait creuser son trou du bon côté. Et ceux qui ne creusaient pas, ou mal, où là où il ne fallait pas étaient perdus pour la cause, et définitivement classés "réactionnaires".
Le mot est passé de mode. Réaction. Pourquoi donc? Je regarde autour, je la vois partout. Car voyez-vous, la chose n'est pas cantonnée en politique, malheureusement. Vieille comme le monde, riche d'une expérience infinie, elle est rusée la coquine, elle va fourrer son nez là où ne l'attend pas. Attention au piège! Le béotien moyen, ce fut mon cas pendant un quart de siècle je sais de quoi je parle, le béotien moyen qui entend le mot regarde instinctivement à droite. Il a raison question réaction, à droite ça déborde. Au point d'inonder les alentours. Pas seulement dans la plaine. Même les montagnards sont atteints, les penseurs de l'extrême, ou leurs adeptes.
Il faut noter ce fait étrange que des gens qui prônent la révolution sont dans bien des domaines réactionnaires. Il n'y a qu'à voir quelle résistance fut la leur avant d'admettre qu'un homme pouvait aimer un homme, qu'une femme pouvait aimer une femme. Comme souvent, ce sont les gens qui ont le plus tardé à admettre l'inévitable qui sont les premiers un beau jour à clamer haut et fort ce qu'il faut penser... après que le verrou du tabou a sauté. Alors c'est amusant de les voir descendre par milliers dans la rue pour faire entendre leur symphonie du progrès. Et là, si vous émettez quelques réserves, ou si vous parlez comme eux-mêmes le faisaient avant-hier, attention à vous! Non je plaisante, vous ne risquez rien, au pire peut-être le silence à votre passage devant la machine à café ou dans ces réunions de famille où l'on évite adroitement les sujets qui dérangent. Allez dire que c'est un acte contraire aux droits humains que de voiler sa femme, vous ne risquerez rien non plus, à l'heure où je parle vous pourrez encore circuler librement, mais vous aurez droit à une leçon du genre: il faut respecter les différences culturelles et le vivre ensemble, et ce sera déjà un moindre mal pour vous si on ne vous assène pas un cours d'anti-racisme. Il y a quarante ans les révolutionnaires regardaient les religions comme un opium pour les peuples, c'est tout juste si aujourd'hui ils voient en elles un moyen de libération. Quarante ou cinquante années ont suffi pour qu'une génération d'hommes et de femmes, par une mutation extraordinaire, oubliant l'idéal révolutionnaire, déposant leurs idées et les armes, rejoignent le cortège des policiers de la pensée.
La réaction fait aussi bon ménage avec la science. Avant d'aborder la question, une constatation : les mathématiques, les sciences et les techniques développent le raisonnement. L'intelligence et l'ouverture d'esprit c'est moins sûr. Faut-il rappeler les résistances d'une grande partie du corps médical quand à la légalisation, et surtout à la pratique de l'avortement? Tentez simplement, sur le mode questionnant, timidement, à mi-mots, de suggérer à un scientifique pur et dur -les scientifiques le sont souvent- que des témoins dignes de foi auraient éventuellement vu dans le ciel un objet volant non identifié, c'est toute la science du monde qui va vous rire au nez. Quelle rupture avec le passé quand la science s'interrogeait, écoutait, découvrait, avec quel courage! Car la réaction de l'époque pratiquait la Question à l'aide de moyens persuasifs.
Il y a un domaine où la réaction est à l'aise, c'est la technologie. Non mais regardez-les! Ils se croient libérés parce qu'ils communiquent sans fil où ils veulent quand ils veulent, métro, bus, à pied, en vélo, en moto, au cinéma, au musée et jusqu'à votre table quand leur musique préfabriquée interrompt toutes les conversations. Et ceux-là qui commettent viols, crimes et génocides, ne sont-ils pas reliés par satellite? Ah! S'il suffisait de coller un téléphone portable à son oreille, de surfer sur tout ce qui bouge, de manipuler tablettes, smart phone, gépéesses et écrans les plus sophistiqués en trois, quatre ou cinq dimensions pour enfin ouvrir son esprit... Si l'informatique change beaucoup les choses dans notre vie, pesons les mots. La qualifier de révolution est exagéré. S'il y a révolution un jour, ce sera dans le comportement des hommes, sinon ce n'est pas intéressant. Si tous ces instruments rendaient les gens plus intelligents, respectueux des autres et de la langue, de la grammaire et de l'orthographe. Mais non, grave erreur, grammaire et orthographe colportent une mauvaise image, celle de l'ordre prescrit. Horreur! Pour celui qui ne respecte plus rien, et surtout pas les règles, tout est facile, s'obtient sans effort. C'est un danger qui nous guette, de croire qu'en méprisant les conventions, nous serions libres. Entre celui qui respecte la loi et celui qui s'en affranchit, le plus réactionnaire n'est pas celui qu'on croit. Ce type, qui écrit à cent à l'heure dans un langage incompréhensible une sorte de message qu'un autre au volant aussi recevra en temps réel, quelle est sa vision du monde, sa conception de la vie, qu'enseigne-t-il à ses enfants, saura-t-on jamais s'il était entré, avant qu'il ne se tue sur la route, dans la modernité ?
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10:32 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réaction, révolution, réactionnaires, révolutionnaires