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20/01/2013

La foire à tout

 

 Je me promène entre les stands. Quel vacarme, mon Dieu quel vacarme ! Chacun y va de ses réclames, ici c’est moins cher, vous en aurez deux pour un, profitez de mes promotions, c’est le dernier jour, tout doit disparaître. Ils vous promettent tout et son contraire. Avec ça, vous serez comblés. Heureux, c’est à voir, mais comblés de dettes et d’embêtements, c’est sûr. Bien sûr ils ne vous le disent pas. Quand c’est sur l’étalage, c’est tout beau, que du bonheur. Pour des légumes, passe encore. Mais des lave-linge, des ordinateurs, des ipades, là faîtes gaffe. Comparez les prix, regardez ailleurs. Quand c’est pour des motos ou des automobiles, faîtes encore plus attention. Quelle garantie ? La durée ? Pièces et main d’œuvre ?  

 Ceux qui crient le plus fort sont les messagers des dieux: les inspirés. Ils ont rencontré la divinité et savent de quoi l’avenir sera fait. Ils connaissent le jour et l’heure de la fin du monde. Comme nous, ils ont survécu à la dernière, qu’ils annonçaient l’année passée. Ils sont dangereux car ils s’adressent à des personnes désorientées, fragilisées, à des adolescents en crise. Ils profitent de l’inépuisable crédulité humaine. 

 Les religieux aussi crient très fort, d’ailleurs ils font peur. Quand j’étais petit, et qu’on lisait l’Exode, l’engloutissement des Egyptiens dans la mer, les exploits de Josué, les atrocités pour la conquête de territoires, je me demandais comment un dieu si bon pouvait ordonner tant de massacres. Les Evangiles aussi m’empêchaient de dormir, la tête de Jean-Baptiste sur un plateau, la couronne d’épines, le chemin de croix, les clous. C’est dans la bible que pour la première fois j’ai rencontré la violence. Et l’imposture de Jacob reste gravée dans ma mémoire. Impunie et récompensée. Car l’important est de croire. Attention, si vous ne croyez pas… Soyez injuste, mentez, trompez, tuez, la foi vous sauvera. C’est l’exemple que les religieux donnent eux-mêmes depuis que Dieu existe. A se demander s’il vaudrait mieux qu’il n’existât pas.  

 Un peu plus loin sont les bavards. Les politiques sont les rois du commerce. En période de crise, ils vendent du social et pour pas cher, à ce qu’ils disent. En bout de gondole, bien en vue, les promotions. Aux sans emploi les petits boulots, très peu payés mais qui font survivre. Ils rendent service au pays, ils font baisser les chiffres du chômage. Les associations foisonnent, elles se mettent en quatre pour venir au secours des malheureux, et pas seulement les jours de marché. Leur porte est toujours ouverte. Elles existent depuis que les pauvres sont pauvres et que les riches distribuent ce dont ils n’ont pas besoin. Les politiques ! Quelle bande de bateleurs ! Le seul domaine où ils n’ont rien à dire, c’est le temps présent. Aujourd’hui ne les inspire pas. Ils sont les hommes et les femmes de demain. C’est pourquoi on se prend parfois à les aimer. On préfère entendre que tout va bien se passer plutôt que de savoir que dans un mois ce sera la fin du monde. Nous sommes de grands enfants, voilà l’origine de leur succès. On sait qu’ils nous racontent des bobards, mais c’est plus fort que nous, on fait tout ce qu’il faut pour qu’ils vendent leur camelote. Il faut dire qu’on est un peu las. On sait trop de choses, une surtout que rien ne changera quoi qu’on fasse. Les travailleurs de l’aciérie vont être à la rue, mais on a fait pour le mieux. Qu’est-ce qui aurait été pire ? Qu’on les fusille ? 

 Je jette un œil à la fenêtre. Le vent s’est calmé. Ce matin je n’ai pas vu l’écureuil. Seulement ses traces dans la neige. Je sais que ce sont les siennes, deux petites empreintes tous les mètres. Le chat marche, l’écureuil avance en sautant. Il est mignon avec son petit ventre blanc. Mouais…quand il ne va pas dénicher les œufs des tourterelles dans le sapin là-haut.  

 Je voudrais dire des choses agréables, je n’y arrive pas. Il y a des jours comme ça. Merci d’avoir lu ces lignes. 2012 est passé, en tables bien garnies, les jouets au pied des sapins. 

 Des cinglés veulent légaliser le crime au nord de l’Afrique. Des travailleurs pris en otage ont été massacrés. Ceux des aciéries en France, on n’en parle déjà plus. Les grecs mais pas tous ont le droit de manger des produits alimentaires périmés. C’est trop injuste. Rien ne change. 

 

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06/12/2012

Transformer le monde

 

 Transformer le monde ? Boudieu de boudieu comme dirait Chris… Bon. On s’y met ? Oui mais c’est lourd. C’est du lourd.  

 Les grands penseurs ont procédé par étapes. Tenter l’installation d’une société idéale à Genève. Associer le capital et le travail dans une même entreprise. J’admire l’œuvre de Jean-Baptiste André Godin et son familistère : plus d’un siècle d’existence, des ouvriers et ouvrières heureux. Un véritable palais social. Avec la contrainte toutefois de vivre entre quatre murs, coupés du monde extérieur. Allez-y quand même, c’est à découvrir à Guise. Un détail à méditer : Godin vivait dans son familistère dans les mêmes conditions que ses ouvriers. 

 On a instauré la démocratie il y a deux mille cinq cent ans à l’échelle d’une cité : Athènes. Mais seuls les citoyens jouissaient de l’égalité et de la liberté. Ces avantages leur étaient accordés grâce à l’exploitation de milliers de métèques et d’esclaves qui produisaient les richesses dans des conditions inhumaines. La démocratie pour quelques uns n’est pas la démocratie. Mais l’idée était là. Elle pouvait suivre son bonhomme de chemin. Sans s’affoler, c’est le moins qu’on puisse dire. 

 1789 ans après, plus 400 ans (la démocratie athénienne n’ayant vécu que quelques années), à l’extrême bout de l’Europe, au bord de l’océan, un pays connu pour le jugement éclairé de ses philosophes tenta de franchir le pas : en finir avec les privilèges accordés à une minorité d’individus au détriment d’un peuple plongé dans la misère. La colère refoulée au cours des siècles des siècles déferla sur le pavé. Et la joie, le délire. Et la terreur. Bon, on n’a rien sans rien, et la terreur il ne faut pas en parler, c’est blasphémer. La RRRRRévolution FFFFFrançaise, c’est du sacré. D’ailleurs mises à part l’Amérique, la Russie, la Chine, et d’autres encore mais insignifiantes, la Révolution est avant tout principalement d’abord française.  

 Ailleurs ils ont tenté le coup. Sans succès. En Amérique, l’inégalité sociale est un fléau national. En Russie, les barbelés rouillent dans l’archipel sibérien mais les policiers des soviets sont encore au sommet de l’état. En Chine, on déporte des millions de paysans pour le bien de tous, à la stalinienne. 

 Chez nous les nuits sont calmes. On fait un gros dodo. Les capitalistes ont gardé le pouvoir. Mais ce sont les gentils, de gauche. Les masses populaires des villes et des campagnes, on ne les prend plus à rebrousse-poil. On les caresse doucement, on les endort. Le chômage est égal à lui-même, il a même augmenté depuis que les méchants ont abandonné les affaires. Tout va mal, mais c’est pour la bonne cause : transformer le monde. Ici aussi on procède par étapes. D’abord, le redressement productif du pays. Pour cela, on licencie encore un peu, mais pas violemment comme dans l’ancien régime. On agrémente les plans sociaux de discours empreints de compassion et on réunit des commissions d’experts qui savent eux de quoi ils parlent, ils sont payés pour plaindre les familles privées de ressources. Bref la gauche au pouvoir, c’est le chômage plus les enluminures. On a encore une armée, mais c’est pour envoyer aux quatre coins du monde des messages de paix. D’ailleurs on retire nos soldats des pays en guerre. Entre nos murs, on accepte toute la misère du monde sauf celle venue d’ailleurs : on expulse les gens du voyage dont le mode de vie est incompatible avec l’idée de redressement productif.  

 Oui, il faudra nous y faire, le socialisme est en marche. Je souhaite toutefois qu’il n’avance pas trop vite. Engager la France sur la voie de la justice sociale, c’est bien, mais allons-y mollo. On a vu des cas où les masses populaires des villes et des campagnes, incultes et dépourvues du sens de la mesure, trop longtemps privées de tout et de pain, s’en prirent violemment aux biens et aux personnes.  

 Allez à Guise, c’est dans l’Aisne (02) au nord-est de St-Quentin, visitez le familistère de Godin. Je sais que ça ne va pas plaire aux révolutionnaires professionnels de passage, qui vont hurler à l’utopie. On leur répondra que la société future qu’ils nous proposent depuis un siècle et demi à grands renforts de dictatures, de polices politiques et de camps de rééducation, n’est malheureusement pas une utopie. 

 

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15/05/2012

Qui veut noyer son chien...

 

 Pour cacher la réalité de l’islamisation dans le pays, le monde politique a deux solutions.  

 La première est celle adoptée généralement car la plus naturelle : fermer les yeux. Faire comme si de rien n’était. Comme cela devient difficile de ne rien voir, on fera comme si ces quelques femmes voilées croisées dans la rue, odalisques en vadrouille, envoyées de l’Orient éternel, apportaient au cœur de notre morne civilisation occidentale avachie et sous soins palliatifs ce petit plus qui fait la différence, un aiguillon incitatif, une piqûre de rappel, un stimulant, une interrogation, une incitation à s’interroger sur nous-mêmes, et qui sait, pour ceux d’entre nous ayant quelque sens de l’esthétique, une idée nouvelle sur la façon de se vêtir, d’attirer l’attention sur la partie la plus érotique du corps féminin : le regard. On pourra dire aussi que les plus grandes civilisations sont le produit du mélange et que ces êtres venus d’ailleurs apportent du sang frais, en feignant d’ignorer que ces êtres ne viennent pas toujours d’ailleurs, qu’ils sont français depuis longtemps et ne font que se soumettre à des prosélytes d’une religion conquérante. On dira aussi qu’un peu de religion n’a jamais fait de mal à personne, que nos mœurs dissolues en ont bien besoin, et concernant les femmes, qu’elles étaient en occident allées trop loin dans la provocation. Bref, les yeux mi-clos on pourra dire plein de choses. 

 La deuxième solution consiste à dénoncer le « racisme » de ceux qui veulent mettre un terme à la mise au pas de la république : bien sûr les athées, les libres penseurs, mais aussi, beaucoup plus nombreux : les démocrates, les gens de bon sens, ceux attachés aux droits de l’homme, les millions de citoyens qui voient et qui entendent, les femmes (pas toutes malheureusement), les défenseurs de la laïcité et de l’instruction publique, les habitants des banlieues qui se sentent étrangers dans leur propre pays. Le procédé est simple, mais vieux comme le monde et exploité à merveille dans la Russie de Staline : l’amalgame. On insinue que ces gens seraient liés à l’extrême droite. Pour cela une condition préalable doit être remplie : feindre de confondre racisme et islamophobie. Procédé facile car la majorité des musulmans de ce pays sont d’origine africaine. Une accusation ridicule au fond, qui pourrait faire accuser de racisme anti-perse des pétitionnaires en faveur de la libération de Sakineh, de racisme anti-arabe les défenseurs de la laïcité et des libertés démocratiques en Tunisie, et les opposants à l’installation de la charia en Libye. Nos politiciens savent bien que l’islam n’est qu’une religion, peut-être la pire de toutes, mais seulement une religion. On n’accuse pas un anticlérical d’être anti-français sur notre sol. (Inversement, les cléricaux n’ont pas toujours fait honneur à la France quand ils se sont tus quand il aurait fallu qu’ils parlent.) On sait ce que les islamistes ont fait, il y a quelques années en Algérie, ce qu’ils ont fait à l’Algérie. « Le monde arabe », voilà une façon de parler des journalistes. Il n’y a pas de monde arabe, ou alors c’est déjà là du racisme. Le ciment en serait l’islam. Mais il y a dans ce qu’ils appellent « le monde arabe » des gens différents, qui pensent, qui se battent, qui refusent, qui attendent aussi du secours, un secours qui pourrait venir d’ici et qui se fait attendre. A cause d’une clique de bobos satisfaits d’eux-mêmes, enfermés dans leur système de pensée, pour lesquels l’importation de la pire des idéologies peut être annonce de diversité culturelle.  

 Si je parle ainsi, c’est que, sous un pseudonyme « Jean Moulin » un inconnu a publié à la suite de mon article « L’islam, la gauche et le droit de vivre » une liste d’adresses de sites nazis. J’ai mis cette liste à la corbeille. Les personnes qui me font le plaisir de lire ce que j’écris savent que les idées exprimées ici n’ont rien à voir avec le fascisme. Par contre, cette façon de ne pas exprimer ses idées, de n’apparaître que sous un pseudonyme, et d’insinuer qu’il y aurait collusion entre l’islamophobe que je suis et l’extrême droite a quelque chose à voir avec les méthodes de cette dernière, ou peut-être avec le stalinisme qui n’est pas mort.

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