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29/08/2011

Vertige

 

 Je ne remonterai pas dans le scenic raiway. Ce n’est pas tellement la peur. Car je sais qu’il ne se passera rien, que les wagonnets ne quitteront pas les rails, ou alors ce serait une malchance sur des millions. Non, c’est plutôt la peur d’avoir peur. Comme en avion, une carlingue qui plane à 10000 mètres. Les passagers ne peuvent rien, ils attendent, spectateurs impuissants des prouesses de la technologie humaine. Je me revois encore tout là-haut, le train avance au pas, on dirait presque qu’il s’arrête. Il s’arrête. Personne ne dit mot, sauf un ou deux inconscients qui en ont vu d’autres, des courageux de foire.  

 Nous sommes à cent mètres au-dessus du sol. Je pense aux falaises d’Etretat, moi qui ne me suis jamais aventuré à moins d’un mètre du bord. Un cliquetis, un bruit métallique d’enfer et pourtant on n’avance qu’au pas. Les mains se crispent sur les barres qui maintiennent les corps. Nous sommes une vingtaine d’individus coincés dans un engin qui a été cent fois validé par la commission centrale de sécurité, un train qui est autorisé à sauter dans le vide et qui va le faire, et il n’y en a que deux qui voient ce qui se passe. Les deux à la proue. Devant moi il y a deux gros dos et un petit, au milieu. Les gens sont dingues d’emmener les enfants. Les autorités ferment les yeux… elles qui exigent l’interdiction de la fessée.  

 On nous dira, après l’atterrissage : vous voyez bien que ce n’est pas dangereux. « Vous voyez bien… » Cette formule, j’en ai la haine. Je l’ai entendue souvent, et vomie toujours. Pas au début, je prenais ces gens pour des sages. Ce sont les mêmes qui te disent « les choses vont s’arranger, c’est pas grave, pas de soucis, t’inquiètes, c’est un mal pour un bien, on a vu pire, penses à ceux qui sont encore plus dans la m…, bouges-toi, fais du sport… ». En fait, leur stoïcisme est un rempart…qui ne protège pas grand-chose. Ils subissent l’événement et se persuadent d’en être les auteurs. Pour eux tout va bien, et toujours. La preuve c’est qu’il ne leur arrive jamais rien. Ce sont les boucliers humains du malheur. Il ne frappe que les autres. 

 Actuellement ils se taisent. Pourquoi se taire ? Devons-nous bouder notre plaisir ? Les révolutions arabes hissent la grande voile, les dictateurs se cachent ou s’enfuient. Les peuples sont en liesse, d’autres en colère en veulent encore plus. Certes. Merci toutefois à Jean-Paul de m’avoir rappelé cette sortie de Trotsky pendant la révolution espagnole, après la mainmise des staliniens sur la rébellion : « et maintenant nous sommes spectateurs ». En matière de révolution arabe je ne suis qu’un spectateur, et beaucoup d’autres le sont, pour ne pas dire le reste du monde. Spectateur d’un film qui n’en est pas encore au dénouement. Il y a toujours des gros malins pour vous faire louper un dialogue et qui vous jettent : « Je suis sûr qu’elle va le tuer ! » ou bien « Tu vas voir, ils vont s’aimer. » Heureux ceux qui savent, ils ne seront pas démentis, ou quand l’âge les aura rendus sourds, muets, qu’ils seront morts et enterrés. De ces intellectuels revenant de Moscou dans les années trente, convaincus. Et l’Iran, vous souvenez-vous de cette joie largement partagée à l’annonce de la chute du shah ?  

 La marche des peuples se fait au pas. Elle s’arrête, puis repart. Ils ont tellement vécu dans la peur. Pendant des années sinon des siècles des tyrans les ont réduits au silence. Les plus courageux d’entre eux ont été torturés, séquestrés, liquidés. On comprend la prudence des plus braves aujourd’hui. Mais vaille que vaille de Tunis à Damas, du Caire à Téhéran, de Tripoli à Aden le blé lève. Ici la joie, le délire, les rassemblements de foule et les chants de victoire, mais plus loin les appels, les menaces, les tirs, les morts, les disparus. Et partout, au pic de la tension, la peur. La peur du vide, le vertige. Quoi, après ? 

 Après la chute, le train de foire se retrouve sur les rails. Des rails qu’il n’a pas quittés. Quitte pour la peur. La question se pose pour la moitié de la planète : y a-t-il une vie après la dictature ? Des peuples avides de liberté et qui m’a-t-on dit sont armés jusqu’aux dents, sont-ils armés pour établir une démocratie ? Pour cela, il n’y a sur leur sol aucun rail, aucune piste. Les pistes sont ailleurs, loin des coutumes, loin des habitudes, loin des clans, loin des pratiques ancestrales et religieuses, loin de tout. Il en faudra du temps, mais il fallait d’abord passer la porte. 

 

§ 

 

 

 

14/08/2011

Moi aussi j'ai cru au matin

 Chaque année au mois d'août je pense à mes amis Michel et Jean-Bernard, nos vacances à Nyons, nos randonnées à bicyclette, et tout le reste.  

 

 Si c’était à refaire, tu parles. Ce n’est pas à refaire. Jamais. Ce qui est fait est fait. Le passé est passé. Il y a prescription. J’en avais touché un mot à Jean-Bernard, que j’aurais voulu recommencer ma vie, tout reprendre à zéro, retour au point de départ, quand j’avais quinze ans. C’est à quinze ans que les ennuis ont commencé. A lui j’en avais touché un mot, à personne d’autre je n’aurais osé faire cette réflexion qu’on aurait jugé sotte, puérile. 

Il avait posé sa main sur mon épaule. Il reprend sa main et s’empare du verre posé sur la table basse. Il s’enfonce à nouveau confortablement dans le fond du canapé, boit une gorgée. C’est du Bourbon. L’alcool préféré de Jean-Bernard. Jean-Bernard est un sage. Il ne parle que de ce qu’il connaît, mais il l’exprime mal, sans effets. Moi, c’est le contraire, je parle bien de ce que je ne connais pas. Nous sommes complémentaires, d’où les liens qui nous unissent et les discussions interminables.  

 Jacqueline était assise à l’autre bout du canapé. Elle consultait les programmes de télé. Quand son mari a posé sa main sur mon épaule elle a laissé tomber le magazine, maintenant elle me fixe, je crois déceler une pointe de compassion dans son regard, aussi une interrogation. Habituellement, elle s’amuse de moi « Il est très fort, Michel ! ». Il faut dire que j’en rajoute « Quoi ? vous vous arrêtez toutes les deux heures sur l’autoroute ? Moi, Nyons-Conflans je t’avale ça en 7 heures et sans pause ! » Ca les fait bien rire tous les deux, d’autant que je participe de bon cœur, plus ils rient, plus je cherche à me rendre ridicule. Mais aujourd’hui, l’attitude de Jacqueline, sa position dans le canapé et son regard, surtout son regard, trahissent l’inquiétude. Ce n’est pas comme d’habitude. Il se passe quelque chose.  

 La pièce est décorée des tableaux de Jean-Bernard, plus loin dans le hall en fait c’est une verrière, il y a des photos d’arbre, des troncs noueux, il s’est mis à la photographie, il sait depuis quelques mois ce que c’est qu’un diaphragme, un temps de pose, une profondeur de champ, et encore il vaut mieux ne pas trop creuser, et il réalise déjà des tirages à faire pâlir de jalousie Weston, Ansel Adams et toute l’école américaine de la « Pure Photography ». D’où je suis j’aperçois le portrait de sa grand-mère qu’il avait réalisé au pastel quand il était encore chez ses parents à Maurecourt. La pièce est sombre, les lumières parviennent de la fenêtre et des œuvres accrochées au mur, surtout de ce portrait de femme dont le voile délicat n’a pu être tracé que par un maître flamand de l’école des grands, Van Eyck ou peut-être Memling ou Van der Weyden. 

Le sage pose son verre. Il me regarde, son œil rit déjà, puis il éclate : 

-         Allez, Michel, avoue, tiens en attendant, bois un coup ! 

Jacqueline sourit seulement, elle m’interroge du regard. 

-         Vous ne me croirez pas. De toute façon, j’ai déjà gâché ce bon moment que nous aurions pu passer ensemble… 

Le sage : 

-         Allez, arrête, tu ne gâches rien du tout, tu nous surprends, c’est tout. Alors ? (il prend l’accent allemand) J’ai les moyens de te faire parler !

-         Je… J’ai… 

 Chez Jean-Bernard, nous sommes souvent interrompus par des causes très diverses, l’eau qui bout et qui déborde sous le couvercle de la casserole, Jacqueline qui allume la télé car c’est l’heure des jeux de midi, alors que nous sommes en train de parler, les deux chihuahuas qui s’accrochent à mon pantalon ou qui se mettent à aboyer quand une ombre passe derrière la fenêtre. Aujourd’hui précisément, ce sont les chiens. Cela m’énerve au plus haut point, il le sait, il les prend sur ses genoux, les caresse, ils se calment. Mes deux amis, installés face à moi dans leur canapé, mes deux amis sont à l’écoute. On dirait un homme d’état une seconde avant la conférence de presse à la veille de la déclaration de guerre. Derrière moi, pas de drapeau, ni de France ni d’Europe. Pas de micros, et deux auditeurs! Les pires, ceux qui savent, qui me connaissent, qui devinent, au timbre de ma voix, mes pensées les plus intimes.  

-         J’ai cru au matin. 

Jacqueline rit modérément, Jean-Bernard aussi, mais d’un rire que je connais bien, le rire à problème, celui qui sonne faux, qui trahit l'embarras. 

-         Tout le monde a cru au matin, Michel ! 

Jacqueline en rajoute : 

-         Tu étais jeune. En prenant de l’âge on devient réaliste, raisonnable. 

Et elle saisit la télécommande. Jean-Bernard bondit : 

-         Ah non, pas maintenant. On parle, Jacqueline ! 

Elle est fâchée et disparaît vers la cuisine. C’est bon signe, elle a compris qu’il n’y avait pas urgence, Michel va très bien, il nous joue son numéro habituel, il est temps de mettre le gros sel et les pâtes dans l’eau. Tant pis pour les jeux de midi. 

 J’en avais trop dit. Il fallait en finir. J’ai tout déballé. Mars, avril, mai, juin 1968. Juillet, août et toutes ces années terribles, lourdes, de plomb. Tous les espoirs déçus. La droite bras dessus bras dessous à l’Etoile, les staliniens rayonnants, il faut savoir terminer une grève, les chars qui écrasent le Printemps de Prague, la dissolution des organisations révolutionnaires, les dissidents expulsés d’Union soviétique qu’une petite poignée de français accueillent à l’aéroport. Mes études sacrifiées, adieu concours, adieu CAPES. Pas pour tout le monde, je l’ai constaté par la suite. Beaucoup ont cru au matin. Moi, c’était matin, midi et soir, même la nuit. Au point de faire l’impasse sur les choses essentielles, ma femme par exemple que j’oublie, un soir, à Paris. Et mes enfants, ah oui, mes enfants, ils étaient moins importants que la Révolution Mondiale, mais quand ils seraient grands ils connaîtraient le paradis communiste, les derniers seront les premiers, sur terre, sur cette bonne vieille terre où tous les problèmes seront résolus par une bonne dictature pour commencer, attention, une dictature sympa, celle de la classe ouvrière, les capitalistes au pilori, des soviets partout, partout, partout jusqu’aux Galapagos où c’est les Galapagos ? Jean-Bernard et Jacqueline ne buvaient plus, ils étaient prostrés les pauvres, ah j’aurais dû me taire, garder ces horreurs pour moi, et faire semblant de croire encore à l’avenir, d’aborder la question des élections municipales, la coupe du monde de foot chez les colonels argentins, que sais-je encore, les chihuahuas vautrés sur leurs genoux feignaient de dormir, par moment ils ouvraient un œil quand j’élevais la voix. Ah j’y allais de bon cœur. Et puis il y a eu l’armée, quatre mois seulement, même pas les EOR, je restai avec le peuple, le vrai, celui des appelés et des engagés de base, commandés par une petite crapule d’appelé déjà maréchal des logis, instituteur dans le civil ! Qui nous obligeait à marcher au pas au milieu de la nuit après une journée de manœuvres dans la boue, la bonne boue de Lorraine au mois d’octobre. Puis il y a eu cet accident, allez hop, hôpital militaire, des mois, des greffes osseuses, des mois encore, les béquilles. De tous les grands révolutionnaires parisiens, il y en a eu un, un seul pour venir me voir à Bar-le-Duc, un seul. C’est Michel Laurent. Je savais qu’il était parmi les plus sincères, j’appris qu’il avait un cœur. Michel est mort quelques années après, emporté par une septicémie à l’hôpital Foch. Après j’ai galéré, maître auxiliaire, payé au mois de janvier après trois mois de travail, une prof syndiquée qui me sort : ras le bol des MA, ils n’ont qu’à passer le CAPES. J’en ai encore froid dans le dos. Des apparatchiks on en a ici aussi, et des sévères, des bien dans la ligne, de gôche. Pouah ! Non Jean-Bernard, je ne généralise pas, il y a aussi des candidats au goulag, rassure-toi, à gauche et à droite, d’ailleurs j’ai le tournis, gauche, droite, tout ça c’est de l’esbroufe, des discours, du carriérisme. A la première alerte, il n’y a plus personne. Si, des gens bien, des justes. A ce qu’on m’a dit, ils n’étaient pas nombreux dans les années quarante, et beaucoup n’en sont pas revenus. Les autres sont toujours là, à nous faire chier, à donner des leçons au peuple. Après j’ai arrêté la politique, en tout quinze ans, mais à temps plein. Après je suivais tout ça de loin. Quinze ans décisifs, quinze ans perdus, pas tant pour moi, car j’en ai retenu des leçons, mais pour mon épouse et pour mes enfants, et pour tous les autres, pour toi Jean-Bernard, toi qui m’attendu à Rosans, près du mas abandonné, au rendez-vous des dix ans, au carrefour de notre jeunesse, toi que je savais là-bas à attendre. Je ne suis pas venu. J’ai cru au matin. J’ai sacrifié notre amitié sur l’autel de la révolution mondiale que nous ne verrons jamais nos enfants non plus. Heureusement. Prenons le temps de respirer, de vivre. Ma vie, c’est un grand trou noir qui a tout aspiré, ce qu’il y avait en moi de meilleur. Ma vie, il est six heures du soir, bien tard, trop tard.

 

§ 

 

03/07/2011

Le fait est que la raison intervient souvent trop tard

 

 

 Les faits sont têtus ! disait, je crois, Lénine. Mais qu’est-ce qu’un fait ? Si quelque chose s’est passé, pour l’élever au rang d’un fait, il faut que les esprits s’accordent. Or les esprits sont loin de toujours s’accorder. Ce qui est un fait pour Dupont ne l’est pas nécessairement pour Dupond. Quant aux grandes théories, systèmes de pensée et croyances, l’omniscience dont ils se croient investis leur permet d’inventer une réalité qui les arrange. Méfions-nous quand leurs messagers nous parlent de faits avec tant d’assurance. Parmi les millions de gestes, d’actions, de rencontres, de conflits, de catastrophes ou d’heureux événements qui ont lieu le même jour, peu sont élevés au rang de faits. Nous n’accordons d’importance qu’à ce qui nous intéresse. En termes moins aimables, le mot est dit, l’intérêt. Si je ferme les yeux –et les oreilles- à certaines occasions, c’est que le sujet m’indiffère, ou me dérange. D’autres font pire. Pour éviter de mettre en cause un édifice idéologique construit laborieusement au cours des ans, la politique de l’autruche s’impose à des gens très respectables, qui malheureusement disposent d’un pouvoir, dont l’aveuglement risque de fermer les yeux à beaucoup d’autres. (1) 

 Il y a donc les faits qu’on cache, mais aussi ceux qu’on oublie, parce que c’est commode, reposant. Haro sur les commémorations ! C’est vieux tout ça ! A quoi bon ressasser éternellement ces « détails » de l’histoire ? Et ce sont les mêmes qui célèbrent le baptême de Clovis, l’héroïne nationale Jeanne d’Arc livrée à l’ennemi anglo-saxon, ou des cocasseries complètement improbables comme la résurrection d’un homme. Mais que six millions d’innocents périssent dans d’atroces souffrances, il faudrait l’oublier. 

 Plus que les faits, ce sont les préjugés qui sont têtus. Costumes prêts-à-porter, tout faits. Ce fut mon cas il y a quelques jours quand j’ai cru à l’innocence d’une personne parce qu’elle en avait l’apparence. C’était une femme, d’origine africaine, sans beaucoup de ressources, employée d’un hôtel, et sans histoires. Innocence ? Ni d’un côté… ni de l’autre sans doute. Cela m’apprendra qu’en toutes choses, avant de prendre fait et cause pour quelqu’un, il faut raison garder. Et surtout se taire tant que l’événement n’est pas avéré. Les faits bâtis trop vite s’effondrent comme des châteaux de cartes.  

 Mais les cartes sont restées sur la table. Elles nous rappellent qu’il y a dans notre pays des gens : notables, journalistes, politiciens ayant suivi de longues études et dont les discours s’entendent sur toutes les chaînes, qui ne voient dans le harcèlement, et peut-être le viol d’une femme, qu’un simple troussage de domestique, et qui se rassurent en affirmant qu’il n’y a pas mort d’homme. Leur humanisme apparemment ne dépasse pas les limites du sexe qui est le leur, le fort. Et cette jeune femme, si ses mensonges sont avérés, leur aura rendu un grand service, ainsi qu’aux brutes épaisses qui justifient les violences faites aux femmes au nom d’une idéologie réactionnaire, donc par bêtise.

 

 §

 

 (1) Il m’est impossible de ne pas rappeler le silence criminel qui fut celui de nombre d’entre nous quand des millions de soviétiques étaient déportés dans les camps sibériens. Il fallut attendre les premières traductions du Samizdat, les déclarations courageuses de Sakharov, l’exil de Leonid Plioutch, l’œuvre de Soljenitsyne pour que nous sortions la tête du sable. Et pourtant, quarante et cinquante ans après, n’est-on pas en droit d’élever au rang d’un fait l’assassinat de millions d’hommes et les traitements inhumains infligés ? Un fait accompli, malheureusement. Et la raison est intervenue bien tard, trop tard. S’il faut des guerres, des dictatures, de la souffrance pour rendre les hommes raisonnables, c’est à désespérer. En 1989 des larmes coulaient de Berlin à Prague à Varsovie et Budapest. Larmes de joie, larmes. L’effondrement du mur de Berlin, tous les esprits l’accordent, est un fait historique. Mais un fait en cache un autre, plus encore, des millions d’autres, tragiques, s’étalant sur des dizaines d’années, et touchant des millions d’hommes, quand la police politique dans la nuit enfonce une porte et transforme la vie d’une famille en cauchemar, n’est-ce pas là un fait ? Le même jour, la venue à Paris des chœurs de l’Armée rouge faisait l’événement.