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06/11/2009

Fais dodo Colas mon p'tit frère

 

 

 Cette lettre n’a jamais été envoyée. Elle n’avait pas été écrite. Les enfants de treize ans ne seront pas emprisonnés. Quand aux allocations familiales, personne n’y touchera, aucun gouvernement n’osera en priver les parents indignes, qu’ils soient de gauche ou de droite. Car de nos jours, les gouvernements ne font pas ce qu’ils disent, et même pas ce qu’ils pensent. On navigue à vue, on fait des déclarations tonitruantes, avec l’espoir de gagner quelques voix aux élections. Puis plus rien. Les enfants de moins de treize ans continueront de traîner dans les rues, ils apprendront la délinquance et le reste. Comme aujourd’hui, comme hier. Là-haut tout le monde s’en fout, car là-haut, on n’habite pas dans ces quartiers-là. Dans ces quartiers-là, c’est le peuple qui souffre, qui en a jusque-là d’entendre les motos tourner jusqu’à plus d’heure, de devoir baisser les yeux en traversant le hall, de monter les étages à pied faute d’ascenseur, de surveiller la voiture sur le parking, de hisser les vélos au cinquième, de voir ses enfants subir le racket à l’école, d’une école où les maîtres passent plus de temps à faire de la discipline qu’à exercer leur métier.

 

 Changer les choses, mettre de l’ordre dans les affaires humaines ? Une œuvre gigantesque, hors de portée de nos élus et réélus. Et pourtant, chacun sait que sans un minimum d’ordre, il n’y a pas de démocratie, la démocratie, ce sont des lois, des règles, et l’application de celles-ci.

 

 La démocratie, chacun l’aura pensé, ne consiste pas à laisser chacun libre de faire ce qu’il veut, surtout si c’est le soir, tard dans les rues, à l’âge où tous les enfants du monde ont besoin d’un toit, d’un bon lit et d’un minimum d’affection. Il est vraiment navrant d’entendre journalistes et politiciens invoquer la liberté quand on projette de mettre de l’ordre quelque part. J’entendais ce matin un commentateur –particulièrement inquiet à l’heure de grande écoute- parler de couvre-feu pour les enfants de moins de treize ans ! Je suis bien certain que cette personne –si elle a des enfants- ne les laisse pas traîner le soir dans les rues, même si dans la rue où elle réside, les petits ne risquent pas grand-chose. « Couvre-feu » ! projet « liberticide » ! « tout sécuritaire » ! Allez sur les sites d’extrême gauche, vous apprendrez qu’on est déjà sous la férule d’un régime totalitaire. (Etonnant, non ? comme aurait dit Pierre Desproges- d’entendre les héritiers idéologiques des régimes les plus autoritaires que l’histoire a produit tenir de tels propos. Quand derrière chaque Allemand de l’est il y avait un membre de la Stasi, cela ne les empêchait pas de dormir ces révolutionnaires de salon). Ce que ces gens-là semblent ignorer, c’est qu’au bout du laisser-aller il y a encore du laisser-aller, encore un peu de laisser-aller… puis le retour de bâton. Et là, Le Pen ou Gollnich, c’est de la roupie de sansonnet à côté de ce qui nous attend(rait).

 

 Bon, ce n’est pas très réjouissant tout ça. C’est l’humeur. Il y a des jours comme ça. Le manque de soleil et de lumière, l’automne, l’approche de l’hiver. Les soucis. Les douleurs. Allez, je me dis parfois qu’il faut cesser d’écrire de méchantes choses, qu’il faut sourire, tiens, pourquoi pas ? Ecrire des poèmes d’amour, publier des photographies de jolis paysages, de personnes qui s’aiment, de petits enfants qui s’amusent dans les rues avant la tombée de la nuit… ça y est, ça me reprend. Je suis incapable d’écrire des histoires plaisantes, amusantes, originales. Et le pire, vais-je l’avouer ? J’en suis fier, car comme disait le sage, les paroles agréables à entendre ne sont pas vraies, ce qui est vrai n’est pas agréable à entendre. Je rêve d’un jour où la vérité entrera dans les discours, comme ça, sans tapage, toc toc, c’est moi la Vérité, bien sûr avec de la musique, on évitera les hymnes, je vois plutôt un accompagnement à la viole d’amour, surtout pas de chœur ni de marche militaire, et des paroles très douces, une ravissante voix de femme déguisée en nounours :

 

-         Allez, les petits, ce n’est plus une heure pour traîner dans la rue. Il est tard. Tous les enfants du monde vont faire un gros dodo.

 

     Mi ré do    fais dodo   

         do ré do ré mi   Colas mon p’tit frè-

                                                                          do   -re 

mi ré do    fais dodo

do ré mi ré do    t’auras du lolo

 

t’auras (allegro, de l’entrain et plus fort) du lolo si tu fais dodo… reprendre  (piano) à « fais dodo »…

 

 

§

05/11/2009

Ma petite mamie chérie

 

 

 

 

  

Tu sais on a entendu quelque chose terrible à la radio. Les policiers vont emprisonner les enfants de 13 ans qui sont dans la rue le soir. A l’école tout le monde a peur. Thibault m’a dit que son papa a dit que c’est bientôt le fachisme et que le président est Dictateur. Il va prendre tous leurs sous aux gens qui ont beaucoup d’enfants qui font des bêtises. Thibault m’a dit que son papa a dit que c’est des pauvres dans les quartiers des favorisés et que c’était pas bien de s’en prendre à eux. Et que la police ferait mieux d’aller voir dans les quartiers des riches pour la drogue. Thibault m’a dit que son papa a dit que quand la gauche sera présidente tous les enfants auront le droit de se promener dans la rue même tard le soir tout seuls et que même s’ils font des bêtises les policiers seront gentils avec eux. Thibault il l’a dit à la maîtresse et elle a dit que c’était la démocratie.

 

Je te fais des gros bisous

 

Florian

31/10/2009

Salauds de flics !

 

Un jeune motocycliste se tue en moto. Les journaux titrent :

 

LA  POLICE  EST  HORS  DE  CAUSE.

 

Erreur, grave erreur. La victime, car il faut bien appeler les choses par leur nom, la victime était en fuite pour échapper à un contrôle routier. La voilà la vérité, simple et limpide. La police n’est donc pas hors de cause, elle est même à l’origine du drame. Salauds de flics !

 

S’il n’y avait pas eu contrôle routier, le jeune homme serait encore vivant.

Et c’est une leçon pour la société.

 

 S’il n’y avait pas de banques, il n’y aurait pas de hold-up.

 S’il n’y avait pas de verrous, il n’y aurait pas d’effractions.

 S’il n’y avait pas d’argent, il n’y aurait pas de vols.

 S’il n’y avait pas de femmes seules le soir dans le RER, il n’y aurait pas de viols.

 

 S’il n’y avait pas de petits enfants, il n’y aurait pas de pédophiles.

 S’il n’y avait pas de lois, il n’y aurait pas de hors-la-loi.

 S’il n’y avait pas de hors-la-loi,  il n’y aurait pas de tribunaux.

 S’il n’y avait pas de tribunaux, il n’y aurait pas de prisons.

 

 S’il n’y avait pas d’armes, il n’y aurait pas de meurtres,

ça c’est moins sûr.

 S’il n’y avait pas de bénitiers, il n’y aurait pas de grenouilles,

ça c’est hors sujet mais ça fait toujours plaisir.

 S’il n’y avait pas d’alcool, il n’y aurait pas d’alcoolémie et surtout il y aurait moins de voiturettes sans permis pour nous emmerder dans les côtes.

 

 Bref, sans les contrôles routiers, les banques, les verrous, l’argent, les femmes seules, les enfants, les lois, les hors-la-loi, les tribunaux, les prisons, les grenouilles et l’alcool au volant, on serait pénards. Ou presque. Car il reste les hommes, et même sans armes, ils font encore du moto-cross dans la rue à onze heures du soir.

 

§

  

 

Un mot encore. Au cours des flashes d’information le lendemain du drame, et avant l’hommage rendu à un innocent lors de la manifestation silencieuse contre la violence policière, les commentateurs reprennent en boucle le refrain :

 

« La police est définitivement hors de cause, car aucune trace d’éraflure due à un choc avec la voiture de police n’a été relevée sur la moto. »

 

 Ce qui veut dire en clair : si une trace avait été relevée, la police aurait été rendue responsable de la mort du jeune homme. Très éducatif tout ça :

Ne vous arrêtez pas en cas de contrôle routier, sauvez-vous !

 

Vous aurez la famille, les amis, les associations du coin et même les journalistes pour vous défendre. Et en cas de coup dur, ils seront présents pour pleurer le jour de vos funérailles.

 

§