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12/02/2022

Loi et islamisme

 

Porter le voile quand on est employée dans une crèche privée, ce n’est pas interdit par la loi.

Voiler les fillettes dans l’espace public, ce n’est pas interdit non plus.

Exposer et vendre des poupées sans visage, on peut le faire en toute légalité.

Jouer au foot vêtues d’un hijab, est-ce autorisé? Oui.

Que les commerces ne fournissent plus que de l’alimentation halal, c’est un fait et personne ne peut s’y opposer.

Porter le burkini sur une plage, on peut.

Le porter dans une piscine ce n’est pas strictement interdit, on peut donc passer outre.

Que des mères d’élèves accompagnent -voilées- une sortie scolaire, ce n’est pas interdit par la loi.

Manifester derrière une pancarte qui dit que le voile est un signe d’émancipation des femmes, pourquoi une démocratie l’interdirait?

 

Finalement la loi de 1905 autorise tout cela. Car le problème avec les lois c’est qu’elles n’ont pas d’yeux pour voir, pas d’oreilles pour entendre, pas d’esprit pour penser. Il se pourrait qu’un jour, le prosélytisme islamique autorisé puisque légal porte au pouvoir tout à fait légalement des fous de dieu qui auront été assez sages pour éviter un heurt frontal avec la république, mais assez déterminés pour grignoter chaque jour un morceau de la nation avant de la gagner tout entière.

 

 

§

 

06/01/2022

Homo connectus

 

Qu’il voyage dans le train ou dans son automobile, il est l’homme du vingt et unième siècle. Il est perpétuellement connecté, relié au monde par un minuscule émetteur-récepteur collé à l’oreille. C’est une sorte de téléphone qui, comme son nom l’indique, relie l’opérateur au monde lointain. Cet appareil a pour effet de couper toute relation avec le monde qui l’entoure. Ce qui peut présenter des avantages quand l’environnement est bruyant ou déplaisant. Des inconvénients aussi, pour les passagers du train, car l’homme peut venir à parler, et parfois très fort de choses qui n’intéressent personne, peut-être même pas son interlocuteur. Au volant, son attention n’est pas totalement concentrée sur les problèmes de la circulation, il manque de prudence et tente des dépassements audacieux tout en demandant à untel ou une telle des nouvelles et autres choses d’importance qui provoquent chez lui des réactions imprévisibles, imprévisibles surtout pour les autres usagers de la route. Toutefois il ne craint pas les contraventions. Grâce à des dispositifs sophistiqués, il a ce qu’il faut dans la voiture pour éviter les flashes des radars. La vitesse de son bolide plonge à l’approche des appareils qui lui font une guerre sans merci, guerre dont il sort toujours vainqueur, car sa technologie à lui a des années d’avance sur celle de l’état.

 Chez lui il n’y a pas de livres. Où trouverait-il le temps d’apprendre des choses qui n’ont plus cours aujourd’hui, ne sont d’aucune utilité ? Au lieu des livres, sur les murs il y a des écrans. Des images défilent, fugitives. Elles sont accompagnées de sons qui font penser à de la musique, surtout par le rythme, une sorte de boléro interminable, mais joué sans instrument si ce n’est le tambour. Des voix humaines parviennent tant bien que mal à se faire entendre entre les coups, elles déclament plus qu’elles ne chantent des mots qu’on ne comprend pas. On m’a dit, je dis bien on m’a dit, que c’est très bien ainsi, car tout n’est pas bon à entendre. Une chose est certaine, il n’est jamais question d’amour. Le sujet est un peu dépassé aujourd’hui, on s’intéresse à la vie sous tous ses aspects, la culture de la rue, l’identité, le vivre ensemble, l’apport inespéré que constitue pour la république les mœurs et les coutumes venus du fond des âges, qui ont l’avantage de remettre bien des choses à leur vraie place. 

 Il n’est pas resté longtemps sur les bancs de l’école. D’autres l’ont fait avant lui, à qui cela n’a rien apporté. Il l’a bien et vite compris. L’école c’est trop long pour un champion qui fait rapidement le tour des questions et surfe sur tout ce qui bouge. Deux trois copains par-ci, deux trois copains par-là, rien de plus facile que de monter une start-up import-export dans le domaine informatique. C’est tout l’avantage de la chose, le client ne sait pas ce qu’il achète, car en informatique, on ne voit rien, on ne comprend rien, on ne répare rien. Tout est dans des circuits qui ne sont pas visibles à l’œil nu. En cas de panne, on se déplace. Il débranche ses antennes et vous écoute. Pas longtemps. Vous aviez posé un pied dans la boutique, qu’il avait fait le tour du problème. C’est Argus, il a des yeux partout, tous ses circuits sont toujours en alerte, et opérationnels. Vous n’avez pas dit un mot, il sait qui vous êtes, votre âge, celui d’avant l’invention des puces. Il parle doucement, prend un air désolé, avec une pincée de condescendance. L’usure du temps. Votre appareil en est victime, et encore vous avez eu bien de la chance pendant ces trois longs mois. Bien d’autres rendent l’âme dans leur première enfance. Il vous montre celui-ci, il vous montre celui-là qui ne valent pas un pet de lapin, Homo Connectus a du vocabulaire, des clients lui apprennent les finesses de la langue. Résultat, vous devrez à nouveau dépenser une fortune dans une télé, un ordinateur, un appareil numérique pour les photos, un i-quelque chose, fortune qui fera le bonheur de notre homme, et qui explique le côté caverne d’Ali Baba de son espace vital. 

 Déploiement incroyable de richesses sur les murs. Montagne de technologie provenant des recherches menées dans les laboratoires les plus performants du monde. Produits de la recherche spatiale, de la nanotechnologie, de la physique nucléaire. Si un extra-terrestre entrait dans la boutique, il aurait sous les yeux ce que l’homme, au bout d’un cycle de dix millions d’années, au prix de mille efforts, de travail, d’espionnage aussi et de guerres, il aurait sous les yeux ce que l’homme a su réaliser pour tenter d’établir les communications, et pour devenir esclave de ses propres inventions. Je me dis que tous ces instruments, s’ils rendent parfois la vie plus facile et amusante, ne changent rien à la mentalité de ceux qui les manipulent.

 J’entends des mots. C’est à l’accueil du magasin. Connectus converse avec son employée, désignant du menton deux personnes qui viennent d’entrer.

 Homme du vingt et unième siècle, champion de la modernité, dépositaire d’un savoir sans limite dans tous les domaines de la communication, par fil, sans fil ou par satellite, notre homme toise en ricanant deux hommes qui flânent dans le magasin. Ils se tiennent par la main.

 

 

§

 

 

16/11/2021

Avocat du diable

 

 

  Confronté au silence des autorités, des administrations, des partis politiques, des associations de défense des droits, des sociologues, de la plupart des intellectuels, journalistes et consultants de gauche et de droite, des libres penseurs officiels, des diplômés des grandes écoles, et de ceux qui, autour de moi n’ont fréquenté que les petites,

  Sachant que la quiétude de tout ce beau monde est feinte, oui feinte, car en réalité ils ont peur et croient qu’en fermant les yeux le danger s’estompe,

  Rebelle à la politique munichoise de l’autruche,

 Accablé d’entendre des propos rassurants d’une redondance telle qu’ils en deviennent grossiers, 

  Blessé de n’être jamais au grand jamais accusé de racisme, mais plutôt pensé comme tel ce qui est infiniment plus grave, car le non-dit a un poids idéologique certain dans la sphère de ceux qui aiment tout le monde sauf ceux qui ne pensent pas comme eux,

  Lassé de tourner et retourner le problème sous les angles les plus divers, et d’avoir épuisé tous les arguments que mon cerveau sur le déclin est allé encore cherché dans le tréfonds de réserves qui s’épuisent,

 Fatigué de dire et d’écrire que religion et obscurantisme sont une seule et même chose : un fléau contre lequel il faut se prémunir avant qu’il ne soit trop tard,

 J’ai décidé de me faire l’avocat du diable et de m’adresser un courrier depuis ce beau pays d’Iran qui, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, a fait de moi un ayatollah moyen, un barbu de la rue, bref, un homme qui vit, qui pense, qui croit, qui aime, qui hait, qui est, à quelque milliers de kilomètres d’ici, et maintenant.

 

Lettre persane

 

Téhéran, le 27 juin 2009, à Michel Pourny

 

 Au nom de Dieu clément et miséricordieux,

 Mais qu’est-ce qu’ils ont, tous ces républicains de salon à nous faire la morale, à nous prescrire comment il faut vivre, comment on doit s’habiller, se couvrir, comment on doit traiter nos femmes, éduquer nos enfants ?

 Les libertés individuelles de leur république, elles leur sont réservées. En réalité, la liberté, ils la respectent quand elle les arrange : libertinage, luxure, pornographie, sexualité contraire à la nature. Ils se disent humanistes et ne protègent pas leurs compagnes. Dans les tenues les plus honteuses, ils les exhibent sur panneaux publicitaires, écrans plats et magazines. Mais quand celles-ci les trompent, ce sont palabres interminables devant les tribunaux, car nos grands démocrates qui pendant des siècles ont soumis la moitié du monde par les armes et le meurtre, s’interdisent fouet, lapidation et potence pour châtier les criminels. Ils ressemblent à ceux qui, lorsque la tempête se précipite des cieux avec les ténèbres, les éclairs et la foudre, effrayés par l’image de la mort, se bouchent les oreilles de leurs doigts pour ne pas entendre le bruit du tonnerre. Pour eux, les hommes sont des anges, le voleur était dans le besoin, le violeur un enfant maltraité, le délinquant de banlieue un habitant de quartier défavorisé, le terroriste un produit de la misère. Selon le vieil adage, il n’est pire innocent qu’un coupable qui ne risque rien, comment expliquer autrement le dérèglement de leurs sociétés ?

 Ils se permettent aussi de délivrer des brevets en démocratie, et vas-y que je te donne des conseils aux turcs, aux afghans. Ils font maintenant des reproches aux Iraniens. Comme si ce grand peuple -depuis sept mille ans civilisé, lui- avait besoin de conseils. Cette jeune république courageuse qui ose mettre un peu d’ordre dans les affaires humaines a-t-elle des leçons à recevoir d’un Occident où l’inconduite et la débauche se propagent jusqu’aux sommets des états ? Cette jeune république pour laquelle quatre-vingt pour cent de la population se déplace et s’exprime lors des consultations électorales. Peut-on en dire autant de ces vieilles démocraties minées par la désespérance, où l’on ne croit plus en rien, où même la dernière valeur encore respectée, la richesse matérielle, est définitivement remise en cause ?

 Oui, je maintiens : républicains de salon, voilà ce que vous êtes. Ironiques ou arrogants, vous toisez les peuples du monde qui vivent et pensent autrement, pour lesquels vos chartes, vos prétendus droits de l’homme n’ont de valeur qu’exotique. Si une minorité d’entre vous reconnaît l’importance, le bien-fondé de la diversité culturelle, la majorité reste convaincue que ce qui est pour elle un droit doit l’être pour tous. Vous vous référez aux penseurs impies, ces salonards du dix-huitième siècle, ces « sages » intellectuels précurseurs de la terreur. Inventeurs de la guillotine, cette arme barbare qui a tranché la tête de milliers de révolutionnaires et d’innocents, vous êtes froissés quand nos juges font couper la main d’un voleur, quand on donne quelques coups de fouet à un ennemi de Dieu, ou quand on jette quelques pierres à une femme adultère.

 Vous dressez un tableau apocalyptique de nos mœurs, vous brocardez notre piété, vous mettez notre guide suprême à l’index. Mais au nom de quoi, au nom de qui nous donnez-vous des leçons ? Vos filles traînent dans les rues, vous ne croyez plus en rien, vos présidents sont corrompus.

 Votre déclaration des droits de l’homme, vous la proclamez universelle. Commencez, messieurs, par appliquer chez vous vos propres lois, au lieu de les imposer aux autres.

 Car vos œuvres, vous devrez un jour en répondre. Ceux qui occuperont la droite entreront dans le jardin des délices. Ils vous demanderont : Qui vous a fait tomber dans l’enfer ?

« Nous n’avons point fait la prière, répondrez-vous. Nous n’avons point nourri le pauvre. Nous avons disputé avec les amateurs de frivolités, et nous avons traité de chimère le jour de la résurrection. »

 La mort fatale alors vous surprendra. Vous irez au supplice que vous traitiez de chimère. Vous ne serez point à l’abri des flammes, elles s’élanceront de tous côtés en pyramides hautes comme le faîte des palais.

 Cependant, le séjour de la félicité sera le partage des hommes vertueux. Il sera planté d’arbres et de vignes. Des filles célestes au sein arrondi et palpitant en feront l’ornement, telle sera la récompense de Dieu,

 Allah est grand.

 

 

Signé : Pournymedinejad

 

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