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07/12/2020

Lettre adressée à Emmanuel Macron le 06 décembre 2020

 

Monsieur le président,

 

 je suis désolée de ne vous écrire que lorsque je suis en colère face à certaines de vos positions (Notre-Dame des Landes, accompagnatrices voilées...). Entre-temps je vous soutenais. Mais là, je suis en plein désarroi.


 Vos propos face à Brut sur la police auraient pu être tenus par M. Mélenchon. Il faudrait d'autre part étayer vos chiffres et vos sources: Où? Quand? Comment? Combien?  D'après vous 95% des policiers respectent la déontologie, faut-il en déduire que 5% d'entre eux sont violents? Les contrôles au faciès effectués majoritairement sur des non-caucasiens, faut-il en déduire que la police est raciste?


 En outre, vous tenez ces propos la veille d'une manifestation, alors que nous sommes en temps d'urgence sanitaire, quand -comme des millions de concitoyens- je remplis une attestation, que je porte le masque, que je ne vois pas mes enfants ni mes petits enfants...


 Il est plus simple d'accuser les policiers que de faire face comme eux tous les jours aux délinquants, gilets jaunes, black blocks et violents extrémistes de tous bords sous les injures et pire (souvenez-vous du Puy-en-Velay) et face au terrorisme

.
 Pour garder le pouvoir, vous semblez avoir choisi, pour la prochaine élection, d'être un président par défaut: être élu contre un(e) candidat(e) extrême. C'est un peu triste d'en arriver là.


 Cordialement,


 Annick Pourny


PS: Merci monsieur le chef de cabinet de transmettre cette lettre au président avant de me répondre.

09:58 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : police, présidence

01/12/2020

Y a-t-il encore la possibilité d’un jardin secret ?

 

 Il sera bientôt difficile de trouver quelqu’un à qui parler car ce ne sont plus des êtres humains qui nous entourent, mais des communautés. Quand elles ont un nom, c’est celui de leurs ancêtres, de leur fratrie, de leur village, de leur pays, de leur ethnie, de leur peuple, de ses souffrances, de ses guerres, de ses soulèvements, de ses sacrifices, de son histoire, de ses légendes, de sa mythologie. La personne humaine s’efface derrière le groupe, la famille, la « tribu ». La question existentielle se réduit à « d’où vient-on ? ». C’est le règne des généalogies, chacun y va de son arbre. Plus on remonte dans le temps plus on est fier, si on décroche un roi ou une reine, sait-on jamais parmi la multitude des ancêtres, y aurait-il ce héros dont le pauvre généalogiste perdu au bout de la chaîne aurait encore dans les veines une goutte de sang ? Depuis plusieurs années cette folie a franchi la porte des écoles.

 Au lieu de s’extasier sur des enfants parce qu’ils viennent d’ailleurs, l’éducation nationale ferait mieux de les aider à se construire comme futurs citoyens d’une république dont les besoins en intelligence et ouverture d’esprit sont insatiables. Qu’on s’intéresse un moment à un petit africain pour savoir comment il est arrivé là, qu’est-ce qu’il sait, ce qu’il peut apporter à ses camarades de classe, d’accord. Mais il faut s’intéresser aussi à tous les autres, car l’ailleurs n’est pas une question de continent et de kilomètres. Pour le petit citadin qui n’a connu que le centre ville, celui qui vient de la campagne ne vient-il pas de loin, d’un monde qu’il ne connaît pas, ne peut-il lui-même pour ses camarades être une source de richesse ? Et puis même, pour deux citadins, deux de la campagne, deux d’outre-mer ou deux des antipodes y a-t-il nécessairement une similitude simplement parce qu’ils sont originaires du même lieu ? C’est une idée fausse car elle suppose que la personnalité de chaque individu est réductible à son origine, à son environnement, à son milieu social. C’est ignorer l’extraordinaire capacité du genre humain à distendre et rompre le lien avec le milieu dans lequel il évolue. C’est une idée dangereuse car, en identifiant les individus selon l’origine, elle conduit au mépris des gens qui ne sont pas nés ici. Et au racisme, pour lequel la pureté de la race s’altère au fur et à mesure qu’on s’éloigne de « chez soi ». C’est la fameuse boutade « je suis plus proche de mon frère que de mon cousin, de mon cousin que de mon voisin, de mon voisin que de l’étranger… » et pourquoi pas « plus proche de l’étranger blanc que du noir ou du jaune » ! Ou inversement.

 Il faudra qu’un jour celle ou celui qu’on interroge substitue le « je » au « nous ». Cerveau, sensibilité, corps humain, force physique ne sont pas donnés en partage, ils sont bien propres à chacun. Pourquoi la pensée ne le serait-elle pas ? Pourquoi un être humain serait-il condamné à penser comme ceux de sa parenté ou de son voisinage ? Le communautarisme confirme par l’absurde le cogito cartésien. Les autres pensent en moi, donc je n’existe pas.

 Certes penser implique un effort et du courage. Mais pourquoi s’interdire de permettre à chacun d’évoluer librement, quitte à rejoindre le point de vue d’un autre, mais suite à une réflexion, en respectant son libre arbitre ? C’est ce dernier, le libre arbitre que certaines théories sociologiques désirent absolument mettre de côté. N’est-ce pas devenu aujourd’hui une banalité d’entendre que la personnalité de chacun est la résultante de mille facteurs, milieu social, ethnie, rôle du père, sexe ? Faire une tambouille de tout cela pourrait nous donner une idée de ce que nous sommes ? Non vraiment, si la sociologie et la psychanalyse ont apporté leur contribution à la connaissance de l’humain, elles n’ont toujours pas répondu à la question de savoir QUI nous sommes, qui JE suis.

 Quand on aura dressé la liste de toutes les forces qui expliquent et déterminent nos actions, quand on aura évoqué Dieu, le destin, les commandements, l’éducation, le rôle du père, les leçons de morale, l’inconscient, l’adhésion à un parti, l’appartenance à un groupe ou une communauté, l’argent et la cupidité, la crainte de la sanction, la mode, l’idéal du moi, le ça, toutes les pulsions imaginables et les plus indomptables, quand on aura décidé -car c’est maintenant dans presque tous les cerveaux et les traités des penseurs - qu’en dernière analyse c’est l’être social qui détermine la conscience, il restera encore au fond de chaque être humain une part irréductible de liberté. Sinon comment expliquer que dans les pires conditions de vie, menaces, souffrance, enfermement, torture, des femmes et des hommes ont pu se taire, résister, rester fidèles à leur conviction ? Comment expliquer même, à un degré moindre, le fait que nos actions sont parfois imprévisibles, comme si rien, aucune cause ne pouvait les expliquer sinon le libre-arbitre ?

 N’est-ce pas dans cette direction, au-delà de tous les courants et des influences, qu’il faut découvrir toute l’originalité et la beauté de la condition humaine ?


§

 

 

21/11/2020

Il aurait fallu

 


 Sacrebleu ! Pas seulement sur les plateaux de télévision, sur les réseaux sociaux, mais aussi au téléphone, dans ma rue, et jusqu’ici, partout. Ils sont partout. Les médecins. Et encore je suis modeste. Je devrais dire les spécialistes. On savait les Jesaistout déjà nombreux dans le pays. Comme certains virus, ils ont le pouvoir de muter. Et les voilà devenus –par quel miracle allez savoir- virologues.

 Entouré comme je le suis, je me soucie de moins en moins de ma santé. Comment craindrais-je quelque chose ?

 Certes il y avait déjà cette tendance dans notre pays à se passer du cabinet médical. On appelait cela l’automédication. Des paroles de ma mère me reviennent : « Si c’était pour me dire ça, j’aurais bien pu me soigner moi-même ». Car pour elle comme pour beaucoup, la médecine devait être une science exacte, un peu comme les mathématiques -qu’elle enseignait d’ailleurs. Virus + diagnostic + médicament = guérison. Seulement voilà, on n’agit pas sur la maladie comme sur une équation du second degré (elle était en collège). La compétence indiscutable d’un professeur dans le domaine mathématique n’implique pas automatiquement l’irréfutabilité du diagnostic établi par le médecin, surtout face à une maladie inconnue.

 C’est ce qui se passe en ce moment. La médecine est impuissante, par manque de connaissances et de moyens. Par conséquent, le gouvernement aussi, qui doit agir sans hésitation, mais aussi sans paniquer les êtres faibles que nous sommes.

 Et pendant que les responsables scientifiques, soignants, politiques et gouvernants affrontent la plus grave crise que le monde ait connu depuis la guerre, il y a ce pékin à deux pas de chez tout le monde qui dit : « Il aurait fallu… », « Il n’y avait qu’à… », « Moi ce que j’aurais fait… », ou encore « On s’y est pris trop tard… ». Quand quelques semaines plus tôt il disait que le gouvernement exagérait l’importance de l’épidémie pour faire oublier des mesures politiques désastreuses.

 Virologues, médecins et maintenant gouvernants. Il y a dans notre pays des millions de présidents de la république potentiels. On peut se dire en aparté « heureusement qu’ils ne sont que potentiels ». Mais ne le crions pas trop fort, car la propagation du virus crée des tensions. Regardez les gens se battre devant les magasins pour un rouleau de papier toilette. Quand la bêtise est à nos portes, la violence l’accompagne.

 Dans ces conditions, la solution, c’est de confiner tout ce beau monde. Cloîtrés chez eux, on entendra moins les imbéciles, et comme en plus c’est la seule façon d’en finir avec l’épidémie, on fait d’une pierre deux coups.


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