27/10/2009
XI- L'Homme avait déjà été victime d'un accident nucléaire
Cher ami,
Je relis ce que je t’écrivais. Je ne te connais pas. Je suis dans la situation du romancier après la publication de son livre : il ne sait rien de ses lecteurs. Du moins, je l’espère. S’il les connaît, il écrit pour eux, il répond à leur attente, comme un prestataire de services. Il y a ainsi des écrivains pour enfants, pour vacanciers, pour public d’initiés, des écrivains populaires (très mal vus dans les milieux dits intellectuels), des écrivains à la mode, des écrivains qui parlent plus qu’ils n’écrivent, bref il y a de tout. Je préfère les gens qui ignorent quel sera le destin de leurs histoires. Ils sont libres. Quant à moi, où en étais-je ? Oui, je relis ce que je t’écrivais.
J’ignore qui tu es. Et je suis embarrassé. Avant tout, j’espère que tu n’es ni scientifique ni philosophe. Car ces gens de ton siècle se prennent pour des savants. Il est difficile de leur faire admettre l’impossible. Or, les milliers d’années qui nous séparent nous ont enseigné la modestie. Comment avons-nous un jour osé comprendre quoi que ce soit ? Nos ancêtres ont avalé ce que leur proposaient les pires marchands de soupe: sorciers, chamans, mages, prophètes, fabulateurs, magiciens, prêtres et prélats, avant de se ranger à l’avis autorisé de nouveaux propriétaires de compétences, ambassadeurs de la Raison auprès du peuple. Pour ceux-ci, tout s’explique. Ils se mettent en quatre pour nous hisser jusqu’à leur conception du monde. Puis un jour survient un événement inattendu qui remet tout en cause. Et nos doctes s’effacent (au moins les plus malins). Quelquefois, ils mettent plus d’un siècle pour s’effacer. Il y en a encore à ton époque qui croient à la création divine, à la résurrection, à un dessein intelligent qui guiderait l’humanité comme on manipule une marionnette ! Oh ! J’espère que tu n’es pas de ceux-là !
Alors bien sûr, je suis embarrassé par le contenu de ma dernière lettre. Il n’était pas facile de t’annoncer que l’Homme avait déjà été victime d’un accident planétaire quarante mille ans avant toi (1). Une catastrophe qui interrompit la première évolution d’Homo sapiens. Il fallut à celui-ci trente-cinq millénaires pour réinventer l’écriture, reconstituer des sociétés, rétablir des législations, reconquérir le monde. Bref, pour reprendre à zéro le cours de son histoire. Mais je me rassure en me disant que des gens qui croient à la création divine et à la résurrection des morts ne feront aucune difficulté pour admettre que des humains très évolués se sont envolés dans des vaisseaux interplanétaires à la suite d’une explosion nucléaire, trente huit mille ans avant la dite Résurrection.
Pour la deuxième catastrophe -celle dont Zhu a été le témoin- qui interviendra au XXVII° siècle de ton calendrier, aucun de tes contemporains ne pourra me contredire.
Tu recevras dans quelques jours la suite du journal de Zhu.
Amicalement,
Tchang
(1) voir Chronologie …
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21:35 Publié dans A 100.000 années des Lumières | Lien permanent | Commentaires (0)
24/10/2009
Une pensée qui n'a de libre que le nom (suite)
Quelques mots encore à propos de la déclaration de la Fédération nationale de la libre pensée devant la mission parlementaire (Paris, 16 septembre 2009). On peut lire :
« Nous tenons à préciser que, pour les libres penseurs, il est indéniable que le port imposé de la burqa ou du niqab est un symbole de l’oppression. Mais en quoi le port de la soutane pour les prêtres, de la robe de bure pour les moines, de la robe et de la cornette pour les religieuses, du schtreimel, du spodik ou du caftan pour certains juifs est-il moins oppressif que le port de la burqa pour certaines musulmanes ? »
Comparer le port de la soutane et celui de la burqa ? Je me demande s’il est nécessaire de relever cette méprise. Oh, et puis si, comme ça, pour s’amuser. La première est portée (de moins en moins, peu importe) par les prêtres catholiques, et non par les pratiquants de cette religion. Il en est de même des coiffes des religieuses qui d’ailleurs, ne cachent pas le visage. A notre époque personne n’oblige personne à entrer dans les ordres, donc à s’habiller ainsi.
La burqa elle, est imposée. Soit directement par l’entourage, il y a souvent un fou de dieu dans les parages, grand frère, petit frère, parent, « ami », mollah de proximité, soit par la pression diffuse ambiante ou encore –pourquoi pas, passé un certain degré d’absurdité, au-delà des bornes il n’y a plus de limites comme disait un ancien président- par choix. Mais alors là, on risque le hors sujet, je pense à ces femmes qui par désespoir amoureux entraient au couvent, au moins entre quatre murs elles voyaient clair.
Un peu plus loin notre auteur place sur le même plan la burqa et les coiffes pour les juifs, le schtreimel par exemple qui est porté à Jérusalem pendant les fêtes et le sabbat, je me demande s’il est nécessaire de relever cette méprise. Oh, et puis si, comme ça, pour s’amuser. Quel rapport entre les deux ? Un signe ostentatoire d’appartenance à une religion ? La kippa, oui. D’ailleurs, elle est interdite dans les écoles. La burqa, habit religieux ? Ca se discute, les avis sont partagés. L’essentiel n’est pas là : les porteuses de la burqa ou ceux qui la font porter revendiquent une appartenance religieuse, ça oui. De la façon la plus réactionnaire qui soit, en exhibant sur la place publique leur mépris du sexe féminin. Rendez vous compte : on est en train de discuter pour savoir si le fait d’imposer aux femmes de se promener visage découvert est une atteinte aux libertés démocratiques ! Ainsi bon an mal an, l’islam avance. Par la provocation, et en poussant le bouchon le plus loin possible, on sème le doute, tout en sachant qu’une frange appréciable de l’opinion soit :
- se désintéresse du problème ;
- n’ose rien dire, se rendant compte qu’on va vers un affrontement qui risque d’être douloureux pour tout le monde, et chacun aspire à la paix ;
- laisse faire sciemment, car tout ce qui s’attaque à la méchante démocratie capitaliste est bon pour le moral… et –dans la lancée- peut ouvrir l’appétit et faire avaler d’autres dogmes ;
Je me demande même si, faute de combattants (la jeunesse ouvrière se faisant rare), certains groupes extrêmes ne cherchent pas, à séduire une nouvelle clientèle, en particulier dans les banlieues. Grave. La religion ne serait plus l’opium du peuple ?
13:49 Publié dans étrange | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : religion, islam, burqa, libre pensée
22/10/2009
Il avait vu juste. Mais chut! Il y a des choses à ne pas dire.
« On aboutit donc à cette situation renversée, que nous vivons tous les jours dans cette société que nous appelons par convention l'Occident, situation où ceux qui veulent détruire la démocratie paraissent lutter pour des revendications légitimes, tandis que ceux qui veulent la défendre sont présentés comme les artisans d'une répression réactionnaire. »
J-F Revel
20:14 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : occident, démocratie, société

