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03/02/2015

Ne nous laissons pas bercer par les mots

 

 Des millions de français ont rendu hommage aux victimes des attentats. Ils ont manifesté leur attachement aux libertés, celle de la presse en particulier, à la démocratie. Il fallait bien ces événements pour réaliser -encore une fois- que la démocratie n'est pas un phénomène naturel. Menacée à ce point, on comprend qu'il faut la défendre. Quand nous sommes malades la santé n'a pas de prix. En trois jours, chômage, pouvoir d'achat et querelles idéologiques ont été balayés de la surface médiatique. Nous sommes devenus les champions de la lutte contre ceux qui s'en prennent au genre humain. Le réflexe Je suis Charlie est bon, beau, clair, enthousiasmant. 

 Il ne faut pas se laisser bercer par des mots. Et ceux que je lis et que j'entends depuis quelques jours m'inquiètent. Que l'islam n'est pas en cause, que les terroristes n'avaient rien compris, qu'ils avaient mal lu ou mal interprété le Coran, bref que la religion n'a rien à voir dans tout cela. Hier, la représentante d'un parti politique d'opposition déclarait que le problème était social, et rien que social. D'autres qui professaient cette théorie depuis des lustres, même s'ils le disent moins fort, le disent encore. Et puis il y a les dessins, humoristiques. Que viennent faire l'évêque et le rabbin dans ces représentations? Y eut-il parmi ces criminels des adeptes de l'intégrisme chrétien et juif ? Au-delà des crimes commis au mois de janvier, la démocratie française est-elle menacée par la propagation incontrôlée des fondamentalismes chrétien et juif ? Y a-t-il aujourd'hui une guerre sainte chrétienne en France, en Europe, en Afrique et en Asie ? Y a-t-il en France des lieux de cultes profanés par des juifs ? Des enfants musulmans obligés d'être accompagnés sur le chemin de l'école, car menacés par des fanatiques chrétiens et juifs ? Des sujets inabordables dans les écoles sous la pression insupportable de chrétiens, de juifs, d'agnostiques, de libres penseurs et de mécréants de toutes sortes ? 

 Non, il n'y a rien de tout cela. Par contre, il y a dix-sept personnes qui ont perdu la vie, victimes de fanatiques se réclamant d'Allah. Il y a aussi des filles et des femmes qui souffrent en silence, qui sont regardées alors qu'elles n'y sont pour rien. Il y a cette vieille dame qui fait ses courses, voilée et qui a peur car elle ne comprend pas. Cette femme qui est française depuis des décennies, dont le mari aujourd'hui décédé fut longtemps le roi du marteau piqueur, homme honnête et travailleur qui ne volait le pain de personne, mais qui passait pour les millions de lecteurs du petit parisien à l'époque pour un "raton", un "bougnoul", cette femme aujourd'hui, le moins que je puisse faire, c'est de lui rendre hommage. Je la respecte infiniment plus que l'autre là, son Charlie sous le bras, journal qu'il n'a jamais lu, et qu'il ne connaissait pas avant la fin du mois de janvier, ce drôle de gugusse qui a retenu une chose de l'événement: qu'il s'est engagé. 

 Je suis Charlie a tout envahi, tout conquis, on le placarde, des vignettes portant ces trois mots fleurissent partout. Dans mon village, on le cloue sur les portes d'entrée. On le dresse en totem. Je suis Charlie est devenu une pièce d'identité. Si vous ne l'arborez pas, on vous demandera bientôt pourquoi. Les gazettes régionales les plus réactionnaires l'impriment -en petits caractères- sur leurs unes. Vous le verrez bientôt sur les boîtes de conserves, sur les cartons d'emballage et les sacs poubelles. C'est sa place après tout, maintenant qu'il est devenu une raison de ne rien faire, de reprendre comme si rien ne s'était passé le train train quotidien, une raison -s'il en fallait encore une-de ne rien voir. 

 Mais les loups depuis des années ne sont plus à nos portes, ils ont leurs nids dans nos quartiers. Tout le monde le sait. Tout le monde trouve toutes les raisons de garder les yeux fermés au nom d'une multitude d'inventions sémantiques qui ne sont que des cache-misère: vivre ensemble, diversité culturelle, richesse venue d'ailleurs, France du mélange... Cet aveuglement qui est la partie visible de la lâcheté a des alliés de poids: les xénophobes et racistes de tout poil qui désignent l'islam comme ils exècrent l'étranger. Ce n'est pas chose facile de tenter de mettre un terme à la propagation d'une idéologie totalitaire et meurtrière quand surgissent à vos côtés des gens qui n'ont rien à y faire. Non, les défenseurs de la laïcité n'ont rien, mais alors absolument rien à voir avec l'extrême droite. En réalité, les alliances ne sont pas celles qu'on vous dit. Les partis institutionnels et ceux qui ne le sont pas s'entendent sans le dire pour... Oui pour quoi ? Pour maintenir les choses en l'état, les extrêmes parce qu'au fond, mis à part la construction de leurs chapelles, ils n'ont rien à proposer, les partis "républicains" parce que le maintien d'un statu quo est l'objectif de ceux dont la seule ambition est de conserver le pouvoir ou...de s'en emparer. 

 On ne peut s'empêcher de passer et repasser dans nos têtes les images de ces journées terribles, de penser aux victimes, aux dessinateurs, aux policiers, aux personnes tuées dans le magasin casher, à leurs familles qui souffrent. D'autres images sont insoutenables, bien qu'on ne les ait jamais vues, mais certains événements sont à ce point irrationnels qu'il n'y a que l'imagination humaine pour en comprendre la portée. Ces filles violées, réduites en esclavage, ces villageois exterminés, le fouet, les décapitations...au nom de quoi, au nom de qui ? Si comme on nous le dit ce sont des actes de fous, qu'on ose dire aussi que la foi aveugle, qu'elle peut conduire au fanatisme.

  

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31/01/2015

Sur la condition des policiers, lettre de Céline

 Suite au combat courageux de Patricia Cordier (voir les notes précédentes), aux 105000 signatures de la pétition, j'ai reçu ce courrier dont je vous fait part: 

 

 

 Je suis très heureuse de vous annoncer qu'hier soir,Bernard Cazeneuve a tenu une réunion durant laquelle il a annoncé de nombreuses mesures pour lutter contre le suicide des policiers. 

C'est un sentiment étrange : je suis tellement heureuse que le ministre ait enfin agi après des années de combat de ma tante Patricia, que vous aviez été plus de 105.000 à rejoindre en signant sa pétition sur Change.org.

Dans le même temps, je suis tellement triste qu'elle ne soit pas là pour voir ce qu'elle a accompli avec votre aide. Elle aurait été tellement heureuse de voir ça. Patricia ne vivait plus que pour une chose : faire en sorte que ce qui était arrivé à son fils, David, n'arrive à aucun autre policier. Elle se sera battue jusqu'au bout pour que ces mesures soient enfin prises. 

Elle n'a rien lâché. Bien qu'en phase 4 d'un cancer, elle était venue de Dieppe à Paris pour aller remettre vos signatures au ministère. Elle avait répondu à de nombreusesinterviews, entre ses séances de chimiothérapie. Patricia est une héroïne, parce qu'elle a su utiliser sa détermination pour faire hanger les choses. Elle ne connaissait aucun politique, aucun journaliste, elle n'avait que son émotion et sa volonté pour faire avancer ce combat et elle a réussi, avec vous tous.

Patricia doit être un exemple pour nous tous: elle nous montre que nous pouvons tous agir lorsque nous pensons que quelque chose n'est pas acceptable.

Un grand travail a été fait en parallèle depuis des années par les syndicats de police et de nombreux policiers qui dénoncent le mal-être des gardiens de la paix. Mais ce qu'a fait Patricia a définitivement pesé dans la balance : elle a mis un visage sur la souffrance des familles et des policiers, en affichant fièrement le portrait de son fils dans ce cadre qu'elle tenait fermement entre ses mains. 

 

Ce plan de prévention répond en grande partie aux demandes de Patricia : 

- 15 psychologues supplémentaires seront embauchés pour suivre les gardiens de la paix,

- des fonctionnaires ayant suivi une formation ad hoc seront référents de l'accompagnement des personnels afin de les assister et de les orienter, si nécessaire, vers des professionnels de soutien.

- des casiers individuels où déposer leurs armes à la fin du service seront mis à disposition des policiers, 

- des mesures visant à améliorer la qualité de vie au travail seront mis en place notamment la refonte des cycles de travail pour ménager la vie privée.

 

Au nom de ma tante, je souhaite vous remercier du soutien que vous lui avez témoigné durant cette campagne qui aura duré près d'un an et demi. Vous aussi vous êtes les héros de cette histoire car sans vous, ma tante n'aurait pas pu aller aussi loin.

 

Merci encore,

Céline

30/01/2015

Le Rolleiflex, un appareil qui a marqué le siècle

 

C’est d’abord un appareil qui délivre un grand négatif, comparé aux appareils de qualité, mais de petit format de l’époque, principalement Leica et Contax. Pour une même finesse de détails sur le tirage final, un cliché 6x6 peut être agrandi linéairement presque 2 fois par rapport au 24x36. La qualité des optiques est comparable, les Tessar et Planar fournissent des images nettes jusque dans les angles. Il m’a été donné de voir des diapositives en couleur prises avec cet appareil. Leur auteur, un ami, était l’heureux possesseur de l’appareil qui est ici en photo. Projetées sur un écran de deux mètres, les images de monuments de la Grèce antique sont d’une beauté époustouflante ! 

Le Rollei 3,5f.jpg

                                                                                             cliché M.Pourny

 

 La discrétion est aussi au rendez-vous, puisque le miroir qui renvoie l’image sur le dépoli est fixe, l’objectif étant en outre équipé d’un obturateur central silencieux, et ce qui est un plus, synchronisé au flash à toutes les vitesses. 

 La visée à hauteur de poitrine avec un renvoi de l’image inversée gauche-droite n’est pas des plus pratiques. Un viseur à prisme était donc proposé pour une prise de vue à hauteur d’œil, mais l’appareil devenait plus lourd et encombrant. 

 En adaptant un dispositif nommé Rolleikin, le Rolleiflex se transformait en un appareil de petit format 24x36, chargé avec une cartouche standard de 35mm. L’objectif de 75mm monté à demeure devenait alors un petit télé-objectif idéal pour le portrait. Et surtout, pour des reportages qui demandaient un grand nombre de vues, on passait de 12 à 36 poses. 

 Le montage et la finition mécanique sont irréprochables, sans parler de la fiabilité. Le 3,5f qui est ici présenté fonctionne toujours correctement, et à toutes les vitesses. La platine porte objectif se déplace sans aucun jeu… après en gros soixante ans d’existence. 

 A l’heure où était publiée la « réclame » ci-dessous, les établissements Franke et Heidecke de Braunschweig avaient fabriqué 750000 exemplaires de cet appareil.

 

Pub avril 54.jpg

 archives M.Pourny

 

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