22/11/2014
Ces libres penseurs d'un type nouveau
Avez-vous remarqué ces derniers temps le nombre de personnes qui sur les ondes tiennent des propos -j'allais dire anti-religieux, oh! que non!- disons plutôt anticléricaux ? Haro sur le pape, l'Eglise en général, silence sur les massacres des chrétiens en Afrique et en Orient, ricanements en direction des manifestants contre le mariage gay...
J'étais sur un marché dimanche. Deux personnes -témoins de Jehovah- dont l'une portait un grand écriteau invitant à lire la Bible s'arrêtèrent devant un étalage, cherchant à engager la conversation. Les vendeurs, qui étaient quatre ne se retenaient pas de rire et de lancer des balourdises du genre
"Dieu? Vous l'avez rencontré vous? J'ai beau regarder en l'air et tout autour, je ne vois rien"
et les autres d'en rajouter et de s'esclaffer. Les deux personnes gardaient leur calme, tentèrent de prononcer un ou deux mots entre les rires, laissèrent un petit papier sur l'étalage et poursuivirent leur chemin. Avant cela, j'avais dû croiser une bonne dizaine de femmes et de filles voilées accompagnées d'hommes barbus au visage fermé, et je me demandais si mes quatre vendeurs auraient adopté la même attitude rigolarde et méprisante si la conversation avec ces déguisés s'était engagée sur Dieu.
Bien sûr que non, gardons les pieds sur terre, la présence de cinq millions de musulmans sur notre sol (dont la moitié selon un sondage à vérifier ne serait pas opposée à l'instauration de la charia en France) n'incite pas à la désinvolture. Comme dans la cour de l'école, faute d'affronter le puissant, on roule des mécaniques en s'attaquant au faible.
En outre, ces gens n'ont pas besoin d'afficher un panneau explicatif pour convaincre, leur tenue suffit, la propagande fait le reste, instillée quotidiennement sur les radios et télés des bisounours qui nous gouvernent.
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09:36 Publié dans libre pensée | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : témoins de jehovah, musulmans, courage
18/11/2014
Le Komsomolets, en photo de l'Allemagne à la Russie...
cliché M.Pourny
Le Voigtländer Brillant fabriqué en Allemagne avant guerre était un reflex 6x6 bi objectif conçu sur le modèle du Rolleiflex. Miroir fixe renvoyant l’image fournie par l’objectif de visée sur une lentille plan convexe avec dépoli central pour la mise au point. Sur l’objectif de prise de vue, d’une focale de 75mm ouvrant à 4,5, était monté un obturateur Compur. Après guerre, celui-ci fut perfectionné, le Compur-Rapid permettait tous les instantanés de 1 seconde à 1/500°, plus les poses B et T.
Voici une publicité parue en août 1939 dans « La photo pour tous » :
archives M.Pourny
La photo suivante est de mauvaise qualité, car reprise d’un livre « Les reflex 6x6 à 2 objectifs » ed Prisma, 1956.
archives M.Pourny
Comme beaucoup d’appareils conçus et fabriqués en Allemagne avant guerre, le Voigtländer inspira –c’est peu de le dire- les industriels soviétiques. Le Komsomolets 6x6 est la copie conforme du 6x6 allemand. Boîtier en bakélite, mêmes dimensions, même disposition des commandes, seuls la visée, l’optique et l’obturateur diffèrent, et encore je n’en suis pas sûr en ce qui concerne l’optique de visée.
Pourquoi présenter cet appareil qui a disparu du marché depuis plus d’un demi-siècle ? Parce qu’il est l’ancêtre du célèbre Lubitel qui a été présenté ici (ainsi que son grand frère stéréo le Spoutnik). Ce Lubitel qui a ouvert les portes de la photographie à des millions d’amateurs du monde entier, l’outil incontournable des clubs et des écoles de photographie. Il était normal que nous rendions un hommage à ce « Jeune communiste » qui se dit Komsomolets en russe.
La visée est rudimentaire, elle ne permet que le cadrage (attention toutefois à la parallaxe pour les vues de près) sur une petite (4x4cm) lentille plan convexe sans dépoli central. Normal, l’objectif de visée étant fixe, la mise au point doit être faite en se fiant aux indications en mètres portées sur la bague rotative de l’objectif de prise de vue. Celui-ci est un T-21 de 80mm ouvrant à 6,3. L’obturateur, très simplifié par rapport au Voigtländer, propose 3 instantanés : 1/25°, 1/50°, 1/100° plus la pose B.
Pour le reste, format du cliché (5,5 x 5,5cm), déclencheur, armement, avancement du film, placard latéral pour les filtres, prise filetée pour déclencheur souple, les concepteurs du Lubitel n’ont rien changé sauf :
- la mise au point couplée visée/prise de vue par système d’engrenage ;
- un objectif qui ouvre à 4,5 et qui ferme à f :22 (6,3 à 16 pour l’ancêtre);
- vitesses d’obturation de 1/15° au 1/250° plus la pose B ;
- un retardateur ;
- une prise pour flash synchronisé pour toutes les vitesses (obturateur central) ;
- une protection commandée par un bouton tournant derrière la petite lucarne laissant apparaître le numéro de la vue au dos du boîtier ;
- un capuchon double protégeant les objectifs ;
Un point intéressant, le Komsomolets utilise aussi la pellicule 120 (gros trou) toujours commercialisée, on peut donc s’en servir soixante ans après la fin de sa production. Ce qui n’est pas mon cas, car il m’a été offert à Noël (merci à Jean-Luc et Patricia) et je n’ai pas eu le loisir de l’honorer d’un film, ce qui ne saurait tarder, j’en montrerai ici les résultats.
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11:05 Publié dans Photographie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : komsomolets, appareils 6x6 soviétiques, lubitel, voigtländer
09/11/2014
Il y a 25 ans...
...le mur de la honte est tombé. Il avait été édifié contre la volonté des peuples. Les allemands ne l'avaient pas voulu. Pas plus que les peuples tchèque, slovaque, hongrois, roumain et bulgare n'avaient désiré être coupés du monde par un rideau de fer. Ces horreurs on nous avait dit qu'elles n'en étaient pas. Il fallait croire que pour protéger une belle société en construction, une séparation d'avec le monde du passé était nécessaire. Le monde du passé, c'était lui l'horreur, il portait et porte d'ailleurs toujours un nom affreux: le monde capitaliste, lieu de toutes les inégalités, de l'injustice, du commerce et des bandits. Et quand là-bas des ouvriers, des paysans, des étudiants, des gens de tous les jours émettaient des doutes sur les bienfaits de la société en construction, le canon des chars les ramenaient à la raison (1). Pire, au-delà des morts et des déportations, on accusait ces pauvres gens d'être des espions, des agents du diable capitaliste. D'autres, plus jeunes ont tenté d'échapper à cet enfer. En sautant le mur au risque de leur vie. Le musée de Check point Charlie à Berlin montre à quel point l'homme est ingénieux quand il s'agit de retrouver la liberté dont il a été injustement privé. Le plus bel exemple: ces étudiants tchèques qui notaient jour après jour les heures de mise sous tension des cables électriques reliant leur pays à l'Autriche. Ils avaient construit un engin de type téléphérique qui, aux heures creuses minutieusement mémorisées, les fit passer à l'ouest. D'autres se dissimulaient sous les banquettes des voitures, il arrivait même que des policiers chargés de la surveillance du mur tentent de fuir.
Dans les années quatre-vingt, dans un camping tchèque, j'avais fait la rencontre d'un couple d'allemands de RDA. Le camp était divisé en zones strictement réservées aux différentes nationalités des pays de l'est. Chose tellement incroyable que je n'avais pas remarqué cette horreur avant que ces gens qui campaient tout près m'ouvrent les yeux. Ils étaient sympathiques, on passa la soirée autour d'une bouteille de schnaps. Ils me racontaient leur vie, et brûlaient d'impatience de savoir comment les choses se passaient à l'ouest. A la veille de la retraite, professeurs tous les deux d'éducation physique, ils dormaient sous une canadienne deux places, une Trabant soigneusement garée à côté. Pour rouler en Moskvitch ou en Lada, la liste d'attente était trop longue, et il fallait être membre du parti. Pareil pour le logement et aussi pour les sorties du territoire. Cet homme avait connu -comme beaucoup de ses compatriotes- les deux dictatures: fasciste et communiste. Sous Hitler, il fut mobilisé et subit à St Lo les bombardements des Alliés, ses quatre camarades de char furent tués, et lui-même rapatrié blessé avec la Wermacht en déroute. Rapatrié oui, malheureusement pour lui en Thuringe, à Erfurt en zone orientale conquise par l'Armée rouge. Il vécut un double drame: cinq ans de déportation en Sibérie, et à son retour au pays, l'impossibilité de revoir une partie de sa famille qui résidait à l'ouest à Hambourg. Ce sont des choses que des gens qui comme moi n'ont toujours connu que la liberté ne peuvent pas comprendre. Je peux l'écrire ici, je peux évoquer ces choses, mais c'est au-dessus de mes forces de comprendre.
Comment des personnes d'ici pouvaient-elles juger que le bilan de l'expérience communiste sur trois cent millions d'êtres humains était globalement positif ?
Comment pouvait-on faire croire aux ouvriers français que la condition ouvrière dans ces pays était merveilleuse ?
Comment le secrétaire d'un parti politique français pouvait-il -sans problème de conscience- passer ses vacances dans le pays du tyran Ceaucescu ?
Pourquoi des intellectuels comme Aragon ont-ils attendu les années quatre vingt pour commencer à émettre des doutes sur la légitimité du régime soviétique ?
Pourquoi tant de silence sur les déportations, les internements en hôpital psychiatrique, les procès politiques truqués, la censure, les persécutions des familles des dissidents ?
Pourquoi tant de silence sur la corruption d'un système qui apportait tant de richesses et d'avantages à des castes (2) prétendant faire le bonheur de peuples qui étaient dépouvus de tout ?
Pourquoi moi-même alors trotskiste ai-je pu jusqu'aux années quatre vingt considérer l'URSS comme un état ouvrier mais dégénéré, un état que je croyais être une immense conquête de la classe ouvrière ?
Le bourrage de crâne n'est pas une explication. Cela vaut pour le fascisme et les dictatures en général, régimes fondés sur la violence, dirigés par des individus assoifés de pouvoir rêvant de dominer le monde. Partout où des hommes ont tenté de l'instaurer, le communisme a été le système totalitaire le plus efficace et le plus durable. Des millions de travailleurs de par le monde ont cru et espéré la victoire d'une expérience qui pour la première fois dans l'histoire -après celle malheureuse de la Commune de Paris- allait démontrer la capacité des classes populaires à prendre en charge la destinée humaine. Combien a-t-il fallu de morts, de déportations, de persécutions, de procès truqués et de trahisons pour que des femmes et des hommes, militants qui avaient cru au matin, se rendent à la raison et, voyant cette foule avide de liberté traverser le mur dans la joie, se dise enfin selon le mot du poète, mourir pour des idées, oui mais lesquelles... En tout cas, pas celles qui pendant soixante douze ans ont enfermé des millions d'humains dans une immense prison.
cliché M.Pourny, Berlin novembre 1989
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Allemagne de l'est 1953, Hongrie et Pologne 1956, Tchécoslovaquie 1968;
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Il serait intéressant aujourd'hui de se pencher sur les conditions d'existence d'une certain Fidel Castro.
10:09 Publié dans Totalitarisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : berlin, mur de la honte, rda, communisme