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31/05/2018

Marx réveille-toi !

 


 La collusion entre l’extrême gauche et l’islam politique « antisioniste » est maintenant connue et reconnue par des personnes qui, il y a peu, s’en étonnaient encore. Une affiche présentant le président de la République vêtu en uniforme nazi avec sur l’épaule un drapeau israélien était brandie dans le cortège de la manifestation du 26 mai. Quelques jours plus tard, dans un appel à manifester le 1° juin, on peut lire à la une du journal Informations ouvrières n°5035 le 30 mai 2018 :

 

« De Gaza à Haïfa, un seul sang, un seul destin ! »

 

 A faire retourner Karl Marx dans sa tombe. Vous me direz, depuis les procès de Moscou et le goulag, s’il nous regarde de là-haut, il en a vu d’autres. Toute notre histoire n’a été que lutte des classes, voilà ce qu’affirmait le Manifeste du parti communiste dans sa première page. Les théories nébuleuses qui évoquent depuis Gobineau, Rosenberg et Hitler le sang et le destin n’ont rien à voir avec la conception marxiste de l’histoire, ni même avec les conceptions utopiques ou réformistes du socialisme.

 On ne voit pas ce que viennent faire le sang et le destin dans le conflit israélo-palestinien. En Palestine comme en Israël, il y a des classes, des gens qui profitent et d’autres qui sont exploités. Des religieux qui voudraient que la loi des hommes soit subordonnée à celle d’un dieu, que les femmes soient soumises, que les écoles ne transmettent que l’écriture sainte. Des va-t’en-guerre qui ne raisonnent qu’en terme de roquettes et de bombes.

 Aux révolutionnaires d’Informations ouvrières, journal d’un parti ouvrier qui se dit indépendant, s’ils ont encore la faculté de penser par eux-mêmes, il faut conseiller de laisser le sang et le destin à leur place, c'est-à-dire sur les calicots des attardés qui rêvent peut-être encore d’un Reich de mille ans.

 

§

03/05/2018

Idéologie sans frontière.

 


 Non, les casseurs du premier mai ne sont pas des militants d’extrême droite. Les idées que ces derniers défendent sont tellement simplistes qu’elles sont facilement identifiables, donc condamnables. Le plus petit enfant sachant lire sera choqué par un slogan raciste. Pour preuve : dès les premières années de collège on fait visiter des musées et des mémoriaux de la déportation à des classes d’élèves pour les amener à réfléchir et à respecter les autres, quels qu’ils soient.

 Les inscriptions vues sur certains calicots du premier mai appellent à la violence. En même temps, elles ont un point commun : elles condamnent le capitalisme. Des individus du cortège s’en prennent à une agence bancaire, à un restaurant et à une concession automobile entre autres symboles du système qu’ils désignent comme une cible.

 On entendra l’extrême gauche « parlementaire » critiquer du bout des lèvres la violence « d’où qu’elle vienne » comme ils disent, mais son silence sur les slogans hurlés par les casseurs est assourdissant. Car l’extrême gauche qui parle dans toutes les radios et les télés a depuis longtemps choisi son camp : celui de l’opposition systématique à l’économie de marché certes, mais à une société dans laquelle le libéralisme économique est indissolublement lié aux libertés fondamentales, dont celle de manifester le premier mai derrière des banderoles appelant à la violence. Quelle est la frontière idéologique entre un militant anticapitaliste et un manifestant qui attaque une agence bancaire ? Elle est ténue. Un caillou.

 La différence entre le démocrate et le totalitaire, c’est que le premier, même si c’est parfois bruyamment, donne son avis personnel, le second selon ce qu’il faut qu’il pense. L’idée du fasciste qu’il soit de gauche ou de droite (avec cette différence citée plus haut, que les idées de gauche sont plus séduisantes) vient d’ailleurs que de lui-même : programme, charte, manifeste, bureau politique, réunion de cellule, congrès, tendance, fraction, faction, réseau, canal historique…(1)

 Les idées totalitaires ne sont pas le résultat d’une pensée, elles ne peuvent être que colportées. Elles infiltrent d’abord l’homme puis s’étalent sur les bannières.

 


§

 


(1) Je n'oublie pas non plus, comme je l'ai déjà écrit ici, que contrairement aux idées d'extrême droite, l'humanisme revendiqué par la femme ou l'homme de gauche est un moyen peu coûteux d'assurer leur bonne conscience. Vociférer contre le Front national ne constitue pas un programme politique, ils le savent. Mais ça donne un semblant d'existence.

 

23/01/2018

Pas de maître, un dieu peut-être




 Les liens qui unissent la religion musulmane et l’extrême gauche peuvent étonner. Il n’est que de rappeler les revendications et les slogans des révolutionnaires de 68, les « ni dieu ni maître », le combat des femmes, la liberté sexuelle, la liberté tout court. Pour l’aile marxiste de l’extrême gauche, les choses devraient être encore plus claires, car pour le matérialisme historique, les religions sont l’arme des possédants, un moyen pour juguler les rébellions en consolant le peuple, en lui laissant espérer des jours meilleurs, plus tard dans un monde où les derniers seront les premiers. Pour le marxisme, aucune nuance possible, la religion est un opium pour les peuples, elle disparaîtra avec la disparition de l’exploitation, la fin de la lutte des classes.

 Jusque là tout est clair. Mais il arrive que la théorie si belle soit-elle se voie confrontée avec la dure réalité du combat révolutionnaire dans une société où les gens de tous les jours ont parfois autre chose à faire que de lire les textes fondateurs. Il arrive même que les révolutionnaires les plus convaincus ne les respectent pas, ces textes. Car les choses ont été inscrites il y a plus d’un siècle et demi, on sait ce qui arriva lorsque les adeptes de ces théories eurent entre leurs mains la destinée de pays et de peuples : l’instauration de régimes totalitaires, l’abrogation de toutes les libertés, la poursuite des dissidents, des aveux extorqués, des internements en hôpitaux ou en prisons, des camps, des exécutions sans jugement, bref que des catastrophes.

 Ce qui explique pourquoi les travailleurs réfléchissent à deux fois avant de s’engager avec ceux qui -à demi-mot certes- tentent de remettre au goût du jour ces théories dangereuses.

 Il y a un autre facteur avec lequel les révolutionnaires doivent composer : la classe ouvrière n’est plus ce qu’elle était. D’une part qu’on le veuille ou non et c’est tant mieux, une grande partie de celle-ci s’est enrichie, embourgeoisée, maison, voiture, loisirs, vacances, assurance sociale. D’autre part les éléments les plus actifs de la classe ouvrière : les ouvriers d’usine sont de moins en moins nombreux et organisés. Des productions industrielles se sont déplacées sur d’autres continents, vers des pays qui exploitent à outrance des hommes des femmes et des enfants dans des conditions qui étaient les nôtres aux siècles passés. D’où –pour la France par exemple- des difficultés de recrutement pour les organisations syndicales et les partis dits ouvriers.

 Ces considérations expliquent pourquoi les adeptes des théories de la révolution –au risque d’oublier leurs principes- cherchent de nouvelles voies, de nouveaux moyens d’exister à défaut de rencontrer un écho dans les milieux ouvriers traditionnels. Voici quelques lignes tirées d’une déclaration d’une fédération départementale de la Fédération nationale de la libre pensée, à propos des personnels des secteurs propreté, gardiennage, logistique, « personnels externalisés des anciennes grandes entreprises » :

 « Ces personnels ont deux caractéristiques : très majoritairement ils sont sans qualification (premiers niveaux ouvriers) et sont à 75 % d’origine étrangère. Ainsi, la réaction, en faisant de ces catégories la cible d’attaques systématiques et de dénonciations répétées fait d’une pierre deux coups : elle aiguise par la stigmatisation de l’islam, les ferments du racisme, de l’opposition entre collègues de travail, de la division et elle confine les premières catégories ouvrières dans un isolement propice à la poursuite de la dégradation de leurs conditions d’existence. » (1)

 Que la « réaction » soit citée, pour peu qu’on soit familiarisé avec le langage traditionnel d'extrême gauche, rien de nouveau, il s’agit des forces politiques bourgeoises dont le rôle est de sauver le système capitaliste. Pour ce faire, elles appliquent la vieille technique qui consiste à diviser pour régner. Diviser la classe ouvrière, l’atomiser, opposer les ouvriers français aux ouvriers étrangers « …notamment en provenance des peuples et pays arabes… » (2) qui constituent 75% des personnes citées plus haut. Cette politique est rendue possible par la « stigmatisation de l’islam ».

 Il s’agit ici dune déclaration de la « Libre pensée », mais cette analyse est partagée par les autres courants de l’extrême gauche, en particulier la France insoumise. Elle consiste à nier les offensives anti-laïques de l’islam, et à justifier ce silence en laissant croire que les dénonciateurs de ces offensives sont en réalité les alliés du système bourgeois en place. On trouvera aussi toutes les justifications possibles aux atteintes quotidiennes à la laïcité dont sont coupables les islamistes. Si un chauffeur de bus refuse de s’asseoir sur un siège précédemment occupé par une femme, on dira que c’est du machisme, que la religion n’est pas en cause. Si un patron exige –conformément au règlement de l’entreprise- qu’une certaine tenue vestimentaire doit être respectée, on invoquera une atteinte à la liberté individuelle. Qu’une accompagnatrice scolaire soit voilée, on le justifiera par le fait qu’elle ne l’est pas dans la cour de l’école, mais dans l’espace public où c’est autorisé. On mesure en même temps l’habileté des islamistes qui ont l’art de transgresser les lois de la république, aidés en cela par l’extrême gauche qui leur pardonne tout.

 Si la philosophie des révolutionnaires n’a rien de commun avec la religion quelle qu’elle soit, elle partage largement les valeurs véhiculées par l’islam politique : la critique du capitalisme, de la société bourgeoise décadente, la haine de l’Amérique, du monde anglo-saxon et d’Israël, et plus largement de l’Occident anciennement colonisateur et toujours –car avide des richesses du tiers monde- causeur de guerres.

 De cette association d’idées, de cette communion de pensée pourrait venir le salut des partis dits révolutionnaires. Un pacte entre l’islam politique et le marxisme, voilà un fait qui aurait fait bondir les lecteurs assidus des œuvres de Marx et d’Engels -sauf peut-être un Garaudy, lire « Promesses de l’islam » (3)- mais dans la mesure où il proposerait un avenir aux courants révolutionnaires, ce pacte n’est pas du tout impossible (4). Et la bienveillance affichée des prétendus libres penseurs et des marxistes vis-à-vis de la religion « des pauvres » pourrait permettre de nouveaux recrutements, dans les banlieues par exemple, qui retrouveraient leur rougeur d’antan. Ce qui est compatible avec la condamnation du christianisme, religion « des riches », « occidentale », « missionnaire » qui, elle, reste un opium pour les peuples (5). Voir le battage que ces gens font autour des crèches de Noël, quand à l’hôtel de ville d’une capitale on fête la fin du ramadan, ou qu’on feint de ne pas voir les rues envahies par une foule en prière.

 Dépités qu’ils sont encore par la chute du communisme à l’est, on peut comprendre les révolutionnaires voyant dans l’ouvrier musulman accusateur de l’Occident un frère d’armes dans la lutte pour le monde futur.

 

§


(1) Texte fondateur du groupe départemental Fernand Pelloutier de la Libre Pensée 78. Juin 2015

(2) id.

(3) Roger Garaudy, Promesses de l’islam

(4) Ce ne sera pas la première fois que les communistes mettront entre parenthèses la théorie de la lutte des classes. L’alliance des marxistes avec des forces non prolétariennes ou même bourgeoises et nationalistes avec comme seule condition qu’elles s’affirment anti-impérialistes a marqué les heures de gloire du tiers-mondisme en Afrique et en Amérique latine notamment, alliance qui conduisit à d’étranges situations comme en Egypte où les communistes locaux étaient emprisonnés quand Moscou pactisait avec le régime.

(5) voir le traitement que les islamistes infligent aux chrétiens en Orient comparé à la situation des musulmans dans les pays occidentaux où la démocratie permet la liberté des cultes, même là où le christianisme est majoritaire.