07/12/2011
Horreur! C'est bien le peuple qui a voté.
Nos gouvernants se félicitent de la transparence du scrutin en Egypte qui a vu 65 pour cent des votants accorder leur voix aux islamistes. Certes, les observateurs sur place n’ont apparemment relevé aucune irrégularité. Mais je crois qu’on a raté ici en France une occasion de se taire. Car justement, le plus inquiétant est que ces élections se sont déroulées dans le respect des règles. Ah ! Comme j’aurais souhaité qu’il y eût tricherie, bourrages d’urnes, décompte frauduleux des voix, pressions diverses exercées aux abords des bureaux de vote. Mais non, rien de tout cela. C’est bien le peuple qui s’est exprimé. Tout s’est passé dans le calme. Nous avons donc bien lu bien entendu : islamistes modérés (un mot à prendre avec précaution quand il s’agit de l’islam) et salafistes représentent en Egypte 65% du corps électoral.
Ces gens-là sont très forts, c’est bien avant qu’ils trichent. La consultation électorale est le fruit d’un long travail au sein du peuple. Il n’y a pas pour eux de base besogne. Ils sont partout où l’aide et le secours sont nécessaires. A une condition : maintenir constant le degré zéro de l’éducation. Ce sont les rois du contrôle continu de l’ignorance. Ils savent comme personne exploiter l’illettrisme, mais aussi la misère, le désespoir des populations. Même si Allah existait, il n’aurait rien à voir avec tout cela. Car on n’est plus dans le domaine religieux, mais dans celui de la politique de bas étage, du populisme, du fascisme. Et pour des millions de pauvres gens, les sourates qui ne sont que des formules inventées par des illuminés, sont marmonnées parce que c’est l’usage et pour avoir la paix.
La transparence des élections égyptiennes est de mauvais augure. Non seulement parce que les islamistes ont les mains libres. Mais aussi parce qu’un peuple s’est laissé prendre dans les mailles du filet obscurantiste. Ce qui nous donne une idée du travail encore à accomplir pour que le genre humain émerge, s’arrache de la mer de la Stupidité, une idée aussi des progrès encore à faire ici en France pour garder le silence quand on n’a rien à dire, et s’occuper de problèmes pour la solution desquels on a été élu.
Qu’en sera-t-il de la situation des femmes, des filles, des écoles, de l’économie, du tourisme, des lieux historiques, du patrimoine mondial ? Qu’en sera-t-il de la paix au Proche-Orient ?
J’écrivais il y a peu qu’on pouvait avoir le vertige, par le vide laissé après la chute des dictateurs. J’ajoutais : regardez l’Iran, ils ont chassé le shah pour s’infliger le régime islamique. Et puis, les élections ne sont pas la promesse d’un retour à la démocratie, Hitler a bien été élu ! A l’époque, qu’on ait loué dans les salons parisiens la transparence des élections allemandes ne serait pas étonnant.
Mais quand donc nos politiciens vont-ils ouvrir les yeux ? Partout le fascisme islamiste étend ses tentacules. Même en Tunisie. Ben Ali chassé ? La belle affaire ! Barbus et femmes en niqab sont dans la rue et manifestent en faveur d’une société bien plus arriérée que celle contemporaine du dictateur déchu.
De voir comment nos politiques feignent d’ignorer les progrès de l’islamisation dans notre propre pays, il serait vain d’espérer qu’ils viennent en aide aux peuples menacés par le fascisme vert. Il nous faudra compter sur la clairvoyance et le courage de gens d’exception, de ces femmes et de ces hommes qui dans les pires conditions écrivent, filment, témoignent, osent dire les choses telles qu’elles sont. Comme Benazir Bhutto:
« Les femmes étaient tenues à part à tous les niveaux de la société. Dans certaines réceptions officielles on commença à séparer par sexe les invités, les personnalités féminines les plus importantes étant elles-mêmes isolées de leurs collègues masculins. A la télévision, les présentatrices furent priées de couvrir leur tête de dupattas, et celles qui refusèrent furent congédiées. Les athlètes des excellentes équipes de hockey féminines pakistanaises durent se couvrir les jambes sur le terrain, ce qui les empêcha du même coup de participer aux compétitions internationales. Le zèle islamique du régime allait parfois jusqu’à l’absurde. « Cette photographie montre une femme jambes nues » reprochait un censeur du régime au rédacteur en chef d’un journal, désignant l’illustration d’un article sur la coupe du monde de tennis. « Ce n’est pas une femme, répliqua le journaliste, c’est Björn Borg ». » (1)
Je me rappelle l’enthousiasme qui était le nôtre quand, en avril 1968, le peuple tchèque, tranquillement dans la rue suggéra qu’il pouvait lui-même décider de son avenir. C’est bien humain, nous criâmes victoire trop tôt. Les chars russes mirent fin à nos espoirs quatre mois plus tard. Nous tirons rarement les leçons du passé. Une hirondelle ne fait pas le printemps. Trois, quatre, mille hirondelles non plus quand il s’agit de l’histoire des hommes. Les révolutions sont sujettes au détournement, à l’usurpation. Elles ont pratiquement toutes connu leur Thermidor.
Mais l’histoire ne se répète pas nécessairement. C’est une lame de fond qui secoue le monde arabe. Des millions de femmes et d’hommes font trembler les édifices. Ce ne sera pas facile de les mettre en prison.
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(1) Benazir Bhutto, une autobiographie, p317, Stock 1989 pour la traduction française ;
11:25 Publié dans Totalitarisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : egypte, élections, islamistes, proche orient
29/10/2011
Un islam mou est-il possible ?
Ce grand chef se dit modéré. Il ne prêche pas du tout, mais alors pas du tout un islam de type iranien ou alqaïdien. En religion en effet, il y a les méchants, fondamentalistes, terroristes d’un côté, et les gentils de l’autre. En France, on a affaire aux gentils. Certes ici ou là, on voile une femme de la tête aux pieds, on impose des heures d’ouverture pour les piscines, on critique les programmes scolaires, on pratique la polygamie, on profite illégalement des allocations familiales, on prie en masse dans l’espace public, il arrive aussi qu’on nie l’existence du génocide et des chambres à gaz (1), on tend un piège à un jeune homme d’origine juive, on le torture et on le tue, on ne demande jamais pardon, mais on hurle « Allah est grand » au tribunal, on massacre un homosexuel de rencontre, on applaudit les sketches haineux d’un humoriste raciste, bref, rien de très grave comparé à ce que vivent les populations (musulmanes ou non) au Pakistan, en Irak, en Afghanistan, au Soudan, non vraiment rien de très grave. D’ailleurs notre personnel politique nous le confirme : nos portes sont grandes ouvertes à un Islam de France mettons les majuscules. L’islam ici et maintenant serait soluble dans la république (2).
Certes les mauvaises langues se demandent s’il est possible de modérer le contenu d’un dogme. Prenez un discours d’Ahmedinejad. Il veut la destruction d’Israël. Vous pouvez modérer ça, vous ? Cela me rappelle cette réflexion à propos des nazis : qu’ils auraient commis des excès. Le premier élève de terminale venu (là je m’égare un peu) vous dira que les auteurs du génocide n’ont commis aucun excès : c’est le nazisme lui-même qui est à mettre au ban de l’humanité, dans les poubelles de l’histoire avec les Staline, les Pinochet, les Pol Pot…les Ahmedinejad.
Modérer le contenu d’un dogme ? A moins de dire qu’Eve n’avait croqué que la moitié d’une pomme, je ne vois pas. La crédulité ni la bêtise ne peuvent être modérées. Elles sont à combattre, non par la guerre -l’intelligence n’est pas l’envers de la bêtise- mais par l’éducation, l’enseignement, l’ouverture d’esprit, à l’occasion aussi l’ironie et la caricature qui sont des éléments indissociables de la liberté de penser. Il y a certes encore un long chemin à parcourir, sur tous les continents.
« Tout homme a le droit d'exprimer librement son opinion pourvu qu'elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la Charia. » (3)
Voilà, dans cet article 22 de la Déclaration sur les droits de l’homme en Islam, vous avez un condensé de l’esprit qui anime l’islam modéré.
Je sais, je me répète, mais quoi dire de neuf quand les hommes répètent les mêmes erreurs ?
Comme l’écrivent, le disent, le clament nos spécialistes en religion, ne nous affolons pas (2). Ils ne s’affolent pas quand à l’islamisation de leur pays, comment s’affoleraient-ils de l’établissement de la charia de l’autre côté de la mer ?
J’écrivais il y a peu qu’on pouvait avoir le vertige au dessus du vide laissé par la chute des dictateurs. Mais si, contre toute attente, dans ce tohu-bohu post-révolutionnaire, à l’occasion de premières élections, les têtes se mettaient à penser ? On me dira qu’après des décennies de dictature, fermant la parenthèse, les peuples vont retrouver leurs habitudes, leur législation, leur credo. Regardez l’Iran, ils ont chassé le shah pour s’infliger le régime islamique. Et puis, les élections ne sont pas la promesse d’un retour à la démocratie, Hitler a bien été élu !
Tout cela est vrai. Et les démocrates que nous sommes peuvent ne pas être optimistes. Mais la messe n’est pas dite. Les révolutions arabes sont encore en souffrance. Et l’histoire nous apprend qu’elle ne se répète pas nécessairement. Les barbus assoiffés de pouvoir vont devoir faire face à la soif de liberté de ces millions de femmes et d’hommes qui font trembler les édifices au proche-orient.
Mais une chose est certaine. Si l’occident n’a de leçons à donner à personne, donc pas à l’orient, ces peuples qui chassent leurs dictateurs et je pense avant tout aux femmes, regardent ce que nous sommes, comment nous vivons et l’attitude qui est la nôtre vis à vis de ces nouveaux fascistes qui invoquent un dieu pour conquérir le monde.
§
(1) Déclaration du cheikh Hussein Fadlallah, principal dignitaire religieux du Hezbollah (in Middle East Insight, mars-avril 1990, page 10 ; cité dans Revue d’histoire de la Shoah n°180, janvier-juin 2004) :
« Les Juifs veulent être une superpuissance mondiale. Ce milieu raciste des Juifs veut se venger contre le monde entier de leur histoire de persécution et d’humiliation. Dans ce contexte, les Juifs agissent dans l’idée que leurs intérêts priment sur les intérêts du monde entier. » (souligné par moi)
Et l’antisémitisme pratiqué par ces gens confirme qu’il est bien –comme toujours- fondé sur l’ignorance et la bêtise, certains n’hésitant pas à reprendre l’antienne médiévale selon laquelle les Juifs boivent le sang d’enfants non juifs. Le ministre syrien de la défense Mustafa Tlass écrivait en 1983 dans la préface de son livre « Le pain azyme de Sion » (cité par Raphael Israeli, Arab and Islamic antisemitism, p.18):
« Le juif peut vous tuer et prendre votre sang pour fabriquer son pain sioniste. S’ouvre ici devant nous une page plus répugnante que le crime lui-même : les croyances religieuses des Juifs et les perversions qu’elles contiennent, qui s’inspirent d’une sombre haine pour le genre humain tout entier et pour toutes les religions. »
Et bien sûr, dans certains pays musulmans, le Protocole des Sages de Sion circule encore, quand au Journal d’Anne Frank, sous la pression du Hezbollah, il est censuré dans « une » école du Liban…
(2) quelques rappels à l’intention de nos angelots pour qui le respect de la diversité culturelle consiste à courber l’échine devant l’islamisation en France et ailleurs et même à la favoriser (laïcité « ouverte », vente pour une bouchée de pain de terrains pour construction de mosquées, silence sur la pratique de la polygamie, les mariages forcés, les agressions antisémites et homophobes, les discours haineux et guerriers d’imams de banlieue, la main mise des musulmans sur des quartiers entiers où la diversité culturelle a pris la poudre d’escampette…) :
« L’Islam est la religion d’Allah pour tous les êtres humains. Elle doit être proclamée et elle doit inviter (les gens) à l’adopter de manière avisée au moyen de sermons adaptés et de débats amicaux. Ces méthodes sont toutefois susceptibles de se heurter à une certaine résistance et les prédicateurs peuvent se voir empêchés d’accomplir leur devoir (…).Alors, le djihad et le recours à la force physique contre les ennemis deviennent inévitables (…).
(extrait d’un manuel scolaire à destination des classes de première (17 ans) et autorisé par l’Autorité palestinienne) cité par Christian Delacampagne, Islam et Occident, les raisons d’un conflit, p 208)
on y lit aussi :
« L’abandon de l’Islam est un crime qui entraîne une punition sévère. Les étapes à suivre (vis-à-vis du pêcheur) sont :
a/ L’encourager à abjurer immédiatement
b/ L’avertir des conséquences de son entêtement à vouloir abandonner l’Islam, c’est-à-dire le prévenir de son exécution
c/ Exécuter le pêcheur s’il persiste à vouloir abandonner l’Islam »
(cité par Christian Delacampagne, Islam et Occident, les raisons d’un conflit, p155)
(3) publiée le 5 août 1990 au Caire, lors de la 19° Conférence islamique des ministres des affaires étrangères.
11:15 Publié dans Totalitarisme | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : islam, révolution arabe, tunisie, libye, egypte
14/02/2011
Vacances en dictature
Un ministre prend des vacances dans un pays sous dictature. Pire : il aurait permis la livraison d’armes de répression au régime en question. Horrible. Oui c’est horrible de savoir que les deniers du peuple, donc de vous, de moi ont pu servir à contenir, pire à empêcher par la violence une révolution démocratique dans un pays quel qu’il soit.
C’est le rôle de l’opposition d’exiger une sanction. Mais parmi ceux qui réclament sa démission il y a des gens qui ont noué des liens et qui ont encore des rapports avec des régimes peu recommandables et qui font du commerce avec les pires dictatures que le monde connaît aujourd’hui. Et puis… il y a le passé.
Ces amitiés entretenues pendant des décennies avec les bons tyrans africains ou arabes, il s’agit bien de ministres, de gouvernants de ce pays, n’est-ce pas ? Tenez par exemple, le commerce avec l’Irak de Sadam Hussein ?
Parmi ceux qui réclament la démission de la personne en cause figurent des hommes et des femmes qui furent moins revendicatifs lorsque le secrétaire général d’un grand parti politique français fit l’éloge du paradis roumain retour de vacances au pays des Ceausescu.
Un autre secrétaire général devint ministre quelques années après un glorieux séjour à Moscou pendant la deuxième guerre, les militants de son parti risquaient leur vie et nombre d’entre eux la perdirent en se battant courageusement sur le sol français contre les nazis. Moscou, Staline, Thorez. Puis De Gaulle, Thorez ministre de la fonction publique de 1945 à 1947 et vice-président du conseil en 1947… Et allez !
Berlin 1936, les JO. Le sport, les bras levés devant les dieux du stade. Comme se tenait devant Hitler et Coubertin le grand meeting de la race pure, des milliers d’opposants au nazisme, sociaux-démocrates, communistes, juifs étaient persécutés, les camps ouvraient leurs portes. Mais l’important était de participer.
Et on s’effarouche aujourd’hui de voir un ministre emprunter l’avion d’un milliardaire pour passer ses vacances dans la Tunisie de Ben Ali ?
Oui c’est horrible. Encore plus d’apprendre que des armes étaient destinées aux milices d’un dictateur, des armes produites, financées par une démocratie. La nôtre. Attitude qui n’a donc rien à voir avec le pacifisme, ni avec un vague esprit de réconciliation. On sait que les dictateurs n’ont que faire des accords de paix. Ils savent, quand c’est leur intérêt, donner des gages d’amitié. Quand à faire des concessions, pas question. C’est toujours aux démocraties de se mettre au pas. Gardons tout de même le sens de la mesure. Le copinage avec les dictateurs ne date pas d’hier. On les accueille même sur notre sol. Rappelez-vous Duvalier, Jaruzelski, Hafez el Asad, Kadhafi, Khomeiny… Au chapitre du terrorisme d’état, Ben Ali tenait sa place. Admettons. Mais les hauts cris de l’opposition, je les entends depuis seulement huit jours.
Je ne suis pas fier du comportement de la France vis-à-vis des révolutions en cours, mais comment s’en étonner, quand on voit avec quelle indulgence nos politiciens de gauche comme de droite laissent proliférer sur leur propre sol les colporteurs des intégrismes les plus menaçants pour la démocratie et la république.
11:22 Publié dans Totalitarisme | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : dictateurs, dictature, tunisie, démocratie