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03/07/2014

Magie du progrès

 

 

 Dans le petit jardin trône le barbecue à système de nettoyage one-touch et clapet d'aération en alliage léger. Des enfants clapotent dans la piscine autoportante Liner PVC triple épaisseur, mailles polyester. Le nettoyeur haute pression d'une grande beauté reste un long moment à la vue des passants, il vient de servir. La mousse gagnait inexorablement sur les 240 cm du muret de façade. L'appareil est équipé de la fameuse poignée quick coupling, et surtout de la lance vario power et rotabuse qu'on ne présente plus...

 Il va être temps pour les baigneurs de rentrer, il se fait tard, nul besoin de lever les yeux au ciel pour cela, la lampe extérieure aux accus lithium-ion intégrés vient de s'allumer, preuve incontestable d'un coucher de soleil imminent. D'ailleurs, pour les enfants c'est l'heure de la douche aux multi-jets massants, comme le confirme la montre mode GPS Workout avec tensiomètre et configuration individuelle de cadran du maître de maison. La fonction boussole sera inopérante ce soir, son usage dans la maison est extrêment rare.

 Avant le coucher il faudra éteindre les écrans, celui de l'immense Smart TV connectée LED 31,5 pouces sans fil aux 800 chaînes programmables, sommet technologique capable de révéler les plus infimes détails de l'épiderme des champions du Mondial de foot. Mais à 22 heures plus personne ne sort, les volets commandés par le serveur central isolent la maison de la rue, du quartier et du monde. Du monde pas tout à fait, les ordinateurs, tablettes et smartphones restent en alerte jusqu'à la dernière minute, au cas où.

 Si ce n'est le tuiiiit d'un camescope qu'on a oublié d'éteindre et le pip pip d'une batterie en charge, la maison est calme, mais les centaines de diodes rouges, vertes et oranges qui brillent dans la nuit sont là, signes que la vie n'a pas abandonné les lieux.

 Au petit matin on apprécie les pas décisifs accomplis par la technologie. Rien à mettre en marche, aucun bouton à tourner, il suffit d'approcher la main, un café bien dosé se prépare, il suffit de parler, même de loin, grille-pain et micro-ondes entrent en fonction. Les écrans s'allument pour les journaux du matin, vous informent de tout ce qui se passe dans le monde ou presque. 

 Ou presque. Car ceux qui nous informent sont encore des hommes. Avec leurs croyances, leur conception du monde, leur morale, et aussi les ordres qu'ils reçoivent, la censure et l'autocensure. Cette famille connaîtra en six minutes les prévisions de la météo et les résultats des matches, elle saura qu'un ferry a chaviré entraînant la mort de centaines de voyageurs, que les guerres font des milliers de victimes chaque jour, que le chômage est encore en hausse à la virgule près, qu'un homme qui avait perdu son emploi a mis fin à ses jours et à ceux de ses enfants. Elle ne saura rien de monsieur et madame Martin viticulteurs dans le Mâconnais qui ont tout perdu en une nuit à cause de la grêle. Elle ne saura pas qu'un jeune homme a été agressé et battu par un groupe d'individus parce qu'on disait dans le quartier qu'il était homosexuel. Elle ne le saura pas, ou seulement s'il meurt. Elle ne saura pas non plus que chaque jour des jeunes filles sont insultées ou menacées parce qu'elles ne se couvrent pas d'un voile. Elle ne saura pas qu'ici en France et maintenant des milliers d'hommes et de femmes n'ont plus rien à espérer ni pour eux ni pour leurs enfants car tout ferme, les usines, les gares, les bureaux de poste, les classes. Elle ne saura pas que deux personnes qui ne s'aiment plus se déchirent, et que pour leurs enfants cela est mille fois plus grave que le naufrage d'un navire entraînant la mort de centaines de passagers. Elle ne saura pas que par manque d'entretien et de personnel les passagers d'un ferry seront un jour en danger de mort. 

 Le père et la mère de cette famille ne sauront rien de tout cela. Et c'est mieux ainsi. Imaginez un peu ce que deviendrait notre vie si nous étions informés de ce qui n'est pas factuel, observable, accompli, et parfois même de ce qui nous attend. Que vous êtes en voiture, que la voix du GPS, gorge serrée, vous annonce: " Madame monsieur, il est de mon devoir de vous communiquer que quelques centaines de mètres après le giratoire vous ne pourrez pas éviter le choc frontal avec un camion en panne de freins ! " Jamais vous ne l'entendrez. Délicatesse du progrès technologique.

  Mais il est l'heure de partir, de conduire les enfants à l'école. Ils finissent de survoler le règne du roi soleil, et comme nous sommes en novembre, ils abordent la guerre de 14. Au brevet des collèges, ils écriront dans un français approximatif qu'Hitler a été torturé à mort par Jean Moulin et mettront Paris à la place de Marseille sur une carte de France muette. Heureusement l'informatique fait son entrée dans les cartables pour mettre définitivement de l'ordre dans tout ça. 

 

 

§

25/06/2014

Révoltant !

 

 On apprend que "Perm-36" le musée sur la répression politique en URSS est menacé de fermeture. Inouï ! Impensable!

 C'est une double peine infligée à toutes ces femmes, tous ces hommes qui ont souffert et pour plusieurs millions d'entre eux sont morts, innocents, démocrates, et même communistes, persécutés et déportés par un régime qui ne supportait aucune opposition, aucune divergence, aucune question.

 Cette fermeture annoncée si elle se confirme est un soufflet pour tous les démocrates du monde, pour tous les défenseurs de la liberté. 

10:28 Publié dans Colère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : communisme, goulag, urss

18/06/2014

Un Lumière 6x9 d'avant-guerre

 

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                                                                                                                                                              cliché M.Pourny

Saint Valérie en Caux, cliché obtenu avec l'appareil 6x9 pliant Lumière, objectif Fidor de 110mm

 

Les appareils pliants furent à la mode jusque dans les années cinquante. Ils étaient destinés aux amateurs. Leur principal avantage était leur format d’image qui permettait d’obtenir des photos lisibles par simple contact. Quand aux agrandissements, déjà avec les émulsions de l’époque, un tirage 18x24 (agrandi linéairement trois fois) laissait imperceptibles les grains du film. Alors imaginez aujourd’hui la qualité de l’image obtenue avec les films modernes ! A noter aussi leur compacité : fermés, ils se glissaient dans la poche. Ils étaient d’un maniement simple, certains ne disposant que d’un objectif ménisque fixe réglé sur l’hyperfocale, donnant une image nette de quelques mètres à l’infini. Mais la plupart étaient pourvus d’un objectif corrigé, de plusieurs diaphragmes, d’une échelle de vitesses et d’un réglage de mise au point de la distance. La visée se faisait à hauteur d’œil en dépliant deux cadres qu’il fallait faire coïncider, ou à hauteur de poitrine sur un viseur à miroir situé au-dessus de l’objectif.

 

Lumière 6x9.jpg

 cliché M.Pourny

Le corps des appareils Lumière était métallique, recouvert de cuir souple ainsi que le soufflet. Une poignée en cuir facilitait sa prise en main. Format du cliché: 5,5 x 8,8 cm, 8 vues sur une bobine 120 encore commercialisée aujourd’hui.

Le modèle dont je dispose (voir photo) mesure 156 x 84 x 37mm plié. Il suffit d’actionner un bouton pour libérer la platine avant, le ressort puissant le rend instantanément opérationnel. Comme tous les 6x9 pliants, sous l’abattant un petit pied chromé amovible permet de le poser à l’horizontale pour prises de vues sans bouger, mais il est dépourvu de déclencheur à retardement. Un filetage cependant pour déclencheur souple : indispensable, car le levier de déclenchement (auto-armant) est assez dur avec comme conséquence le risque de bougé. 

L’objectif est un anastigmat(1) Fidor 1 :6,3 de 110mm. La mise au point se fait par rotation de la lentille. 

Echelle des distances de l’infini à 2m ; échelle des diaphragmes : 6,3 9 12,5 18 25 ; échelle des vitesses : 1/25, 1/50, 1/100 plus poses B et T ; 

Le viseur sur l’objectif pivote de 90° permettant les vues horizontales ou verticales. Je ne l’utilise pas, l’image renvoyée par le miroir est trop petite, je préfère le viseur à cadres à déplier sur le boîtier. Comme la distance minimum de prise de vues est de 2m, la parallaxe est réduite, il suffit d’incliner un peu l’appareil pour un cadrage correct. 

Dans le catalogue Photo-Plait de 1938, je n’ai pas retrouvé le modèle que je possède, mais ceux représentés sur les pages 20 et 21 sont très proches.

 

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                                                                      archives M.Pourny

 

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 (1) un objectif anastigmat donne -en théorie- une image ponctuelle d'un point.